Le capitaine et l'armateur du navire MT Guardians, dont le dégazage en 2021 avait été repéré grâce à des images satellites, ont été condamnés pour rejet en mer de substance polluante par la cour d'appel de Rouen, vendredi 25 avril, une première en France selon plusieurs associations. Le commandant ukrainien du navire battant pavillon panaméen et son propriétaire, la société Valsa Holding immatriculée à Chypre, ont été jugés pour pollution marine.
L'usage du satellite pour repérer la pollution
Ils sont soupçonnés d'avoir rejeté en baie de Seine, "au large du Havre dans la nuit du 13 au 14 janvier 2021, une substance huileuse à moins de 12 miles nautiques (environ 18km)" des côtes. Après une relaxe en première instance en 2022, la cour d'appel de Rouen a condamné le commandant à 20 000 euros et Valsa Holding à 60 000 euros d'amende, ainsi qu'à l'indemnisation de 10 000 euros par partie civile, les ONG Surf Rider Foundation Europe et France Nature Environnement.
"On se réjouit de cette décision qui admet pour la première fois la détection satellite comme unique moyen de preuve valable en dehors du flagrant délit, a déclaré à l'AFP Alice Beral, juriste pour France Nature Environnement (FNE) Normandie. Il s'agit d'une première en France après l'Angleterre et l'Espagne, auparavant il fallait déplacer un bateau ou un avion et faire une constatation directe de la pollution" a-t-elle ajouté, des constatations souvent mises à mal par la météo ou le déplacement des navires pollueurs fuyant leurs méfaits.
• A lire aussi. Rouen. Une entreprise condamnée pour une pollution de la Seine
Ces condamnations "ne sont pas dissuasives" au regard du chiffre d'affaires des armateurs selon la juriste, mais "plus importantes que les décisions habituelles" pour atteintes à l'environnement, et "c'est la première pierre dans l'utilisation unique du moyen satellite" pour la répression en droit maritime. La juriste de Surfrider Foundation Cristina Barreau a estimé que cette décision "va faire jurisprudence". "La condamnation sur la base des données satellites et de l'utilisation du système d'authentification automatique des navires (AIS) est une première qui permettra désormais à nos ONG d'avoir de nouveaux moyens pour responsabiliser et dissuader les navires qui ne respectent pas les réglementations en vigueur", a-t-elle espéré.
• A lire aussi. Pollution. Vos habitudes quotidiennes qui empoisonnent la Seine
"Il y avait pour moi impossibilité matérielle d'établir un lien entre un navire et une tache d'huile prise quelques heures après par photo satellite", a pour sa part jugé Me Mathieu Croix, défenseur du commandant, "longtemps consigné en Ukraine à cause de la guerre et dont [il n'a] pas de nouvelles depuis des mois".
Avec AFP
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.