Les vêtements d'occasion ou "de seconde main" sont de plus en plus prisés à Rouen. Cette façon de consommer, liée à une prise de conscience plus éthique et écologique, séduit de plus en plus. Résultat : les friperies se multiplient. Selon un dossier réalisé par BpiFrance en février dernier sur l'essor de la mode d'occasion, "le marché de la mode d'occasion en France représente 5,3 milliards d'euros en 2023 et pourrait être multiplié par deux en 2030". Mais est-ce si écoresponsable que ça d'acheter ses vêtements en friperie ?
Des vêtements chinés
en Normandie
"Je chine mes vêtements dans un rayon de 50km maximum", confie Pauline Assenard, gérante de la friperie 30 Secondes située au 3 rue du Pont-de-l'Arquet à Rouen. Pour des raisons écologiques, elle a choisi de ne pas travailler avec des grossistes. Chaque dimanche, depuis 2023, elle se lève tôt pour "écumer tous les vide-greniers à Rouen et aux alentours". Parmi ses lieux de prédilection, outre les vide-greniers, les ressourceries comme Résistes à Darnétal. Elle sélectionne ses pièces avec attention, veille à leur état, leur qualité et leur matière. Pauline Assenard se "concentre sur des articles vintage qui ont plus de 20 ans" et exclut les pièces de "fast-fashion" [mode éphémère] qu'elle pointe du doigt.
La boutique rouennaise Rebirth, installée au 54 rue Damiette, s'inscrit, elle aussi, dans la tendance du vintage responsable. "Chaque pièce est achetée individuellement", révèle Yann Mélo Monteiro Da Silva, coassocié. Il chine dans les foires à tout, les ressourceries locales, à l'échelle nationale et en Belgique. Sa compagne Elodie Lebon participe elle aussi à la sélection. "Je cherche des pépites pour nos clientes comme au Clos Saint-Marc à Rouen", explique-t-elle. Pour autant, certaines pièces, comme les denims, proviennent d'un fournisseur américain. "Ces produits sont faits là-bas et ne passent pas par d'autres pays", souligne le coassocié.
Ils travaillent avec des grossistes
A Rouen, d'autres établissements, comme Tilt Vintage, travaillent uniquement avec des grossistes. "Nos vêtements arrivent d'Italie", indique Raphaële Grosjean, responsable de la friperie. Le créateur de la marque Jonathan Sabban "part une à deux fois par an voir son grossiste". 80% des produits sont italiens et le reste, européens. Un parti pris assumé par cette friperie située au 19 rue Saint-Lô à Rouen. D'ailleurs en rayon, il n'y a pas non plus que de l'occasion, "des fins de série jamais portées vintage" sont également en vente ainsi que "des lunettes de soleil neuves qui viennent de Chine". A bon entendeur.
Chez Nonna vintage & seconde main à Rouen, Saliha Hamdi, gérante de la friperie, "travaille avec des fournisseurs italiens, belges et français" et chine parfois dans des brocantes car elle "fonctionne au coup de cœur". La plupart de ses articles "viennent des Etats-Unis, du Japon, du Canada, d'Italie", confie-t-elle. Les grossistes se fournissent en effet partout dans le monde, difficile donc pour elle de faire attention à leur provenance. Même si elle est vigilante sur la qualité des vêtements et leur état, il arrive parfois qu'elle ait de mauvaises surprises lorsqu'elle reçoit ses colis.
Vous l'aurez compris, les friperies rouennaises se veulent toutes responsables, mais attention, leur engagement écologique varie d'une boutique à l'autre.
3 hectares de stock : Eureka fripe, pionnier de la seconde main
A Amfreville-la-Mi-Voie, 75 à 150 tonnes de vêtements d'occasion sont réceptionnées chez Eureka Fripe. Ils sont ensuite revendus à des professionnels tels que des friperies en France et à l'étranger.
A Amfreville-la-Mi-Voie, le groupe Eureka Fripe, fondé il y a 61 ans par Bernard Graf, dispose d'un entrepôt pouvant accueillir plus de 3 hectares de stock. 75 à 125 tonnes de vêtements de seconde main sont réceptionnées chaque semaine. Selon David Graf, chargé du développement commercial au sein d'Eureka Fripe, les vêtements proviennent des Etats-Unis, du Japon et d'Europe : Allemagne, Italie, Espagne, France. En achetant les produits dans les pays concernés, il n'y a pas d'allers-retours vers une autre destination car le tri est fait sur place.
Les balles de vêtements sont destinées aux professionnels. Les boutiques peuvent recevoir des colis de 10kg, avec plus de 400 références. Le groupe Eureka Fripe, qui emploie 350 personnes, possède ses propres magasins et dispose de 70 points de vente : Kiliwatch, Kilo Shop, Hippy Market et Culture Vintage. Il exporte des vêtements d'occasion au Japon, Etats-Unis, Australie, en Europe. En tout, 3 500 tonnes de vêtements sont disponibles à la vente.
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