Revirement spectaculaire, jeudi 10 avril. Finalement, Donald Trump, le président américain a annoncé qu'il suspendait pendant trois mois les surtaxes imposées à tous les pays, pour se concentrer sur sa guerre commerciale avec la Chine.
Mercredi 9 avril, ces nouveaux droits de douane américains sur les produits européens étaient pourtant entrés en vigueur : +20% sur l'ensemble des produits. C'était déjà +25% sur le secteur automobile et +25% sur l'acier et l'aluminium.
Les Etats-Unis, un partenaire commercial de la Normandie
En Normandie, les conséquences de ces hausses, si elles se confirmaient, devraient se faire sentir. Selon les chiffres du commerce extérieur compilés par la direction générale des douanes et droits directs, les Etats-Unis sont le troisième pays vers lequel la Normandie exporte le plus, avec plus de 3,1 milliards d'euros d'exports en 2024, derrière la Belgique et l'Allemagne. C'est aussi le premier pays en termes d'importations, avec 6,3 milliards en 2024, devant la Chine et l'Allemagne. Ces chiffres sont toutefois à relativiser car les échanges normands se font malgré tout en très grande majorité sur le marché de l'Union européenne (17,1 milliards pour les exportations, 16,3 milliards pour les importations).
"Le port du Havre va être impacté au niveau des flux commerciaux"
En tête des exportations vers les Etats-Unis depuis la Normandie : les produits pétroliers, les produits pharmaceutiques, les boissons et les produits cosmétiques.
"Le port du Havre va être impacté au niveau des flux commerciaux, indique Nathalie Janson, professeure d'économie à la Neoma business school à Rouen, qui relativise. Il y a aussi le secteur automobile mais un acteur comme Renault ne vend pas spécialement aux Etats-Unis. Il aura certainement des impacts à travers les composants", juge-t-elle.
Secteur à la une, celui des vins et spiritueux qui devrait être particulièrement touché. 3% de la production de Calvados est à destination du marché américain mais cela peut représenter jusqu'à 30% des volumes de vente chez certains producteurs, selon l'Interprofession des appellations cidricoles.
Et pour le consommateur ?
Faut-il craindre une hausse des prix pour le consommateur ? Probablement dans un premier temps, selon la professeure d'économie. "Nos chaînes de valeurs sont intégrées au niveau mondial. Une voiture ou un téléphone sont des biens qui comprennent des composants du monde entier. Il va y avoir une désorganisation des chaînes de production, et c'est d'abord le consommateur qui paiera", indique-t-elle. Autre impact possible : des pénuries, très à la marge. "Certaines entreprises pourront décider de ne plus servir un marché en raison des droits de douane." C'est aussi surtout l'incertitude et les multiples volte-face du président américain, qui brisent la confiance. "Si jamais il y a une continuité dans les décisions, les échanges vont se réorganiser en fonction de ces droits de douane et sur le long terme, le consommateur paiera moins les pots cassés de cette décision."
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