Dix matchs. Trente points. Voilà ce qu'il reste au Stade Malherbe Caen pour inverser une tendance plus que négative, et réaliser l'impossible : se maintenir en Ligue 2. "Le football a montré que rien n'était impossible", a beau clamer Kylian Mbappé, venu jeudi 20 février au chevet de sa formation, la tâche pourrait être bien périlleuse.
Les Malherbistes ont pris un point face à Pau le 22 février (2-2).
Dans quelle mesure la venue de la star planétaire, propriétaire du club, a pu influer sur le moral de ses troupes ? "Si j'avais fait partie de l'effectif, je ne sais pas si cela aurait eu un impact sur moi", juge Emmanuel Imorou, ancien footballeur caennais entre 2014 et 2019. "Si le week-end il vient et il joue en numéro 9, là oui, ça a un impact", plaisante-t-il. La remobilisation opérée par le capitaine des Bleus, conjuguée à l'arrivée de Michel Der Zakarian sur le banc, aura au moins eu le mérite de mettre fin à une série noire de neuf défaites de rang en championnat. Les Malherbistes ont pris un point face à Pau le 22 février (2-2). "Il reste dix matchs, il faudra en gagner sept ou huit", calculait l'emblématique entraîneur passé par Montpellier ou Nantes. Sur les 24 déjà disputés, le SMC n'en a gagné que quatre pour le moment.
Jules Gaudin, qui a participé à marquer face à Pau le 22 février (2-2).
Tout est dans la tête ?
"Mentalement, c'est chaud. Quand on était mal classé, tu avais les jambes qui tremblaient", compatit Jimmy Hébert, 324 matchs en Rouge et Bleu. S'il sent "des gars qui ont envie d'aller chercher un résultat", il pointe également des joueurs "qui sont dans le trou". "Il y a beaucoup de mental là-dedans, abonde Emmanuel Imorou, désormais coach des U16 à Châteauroux. C'est difficile d'être 'habitué' à perdre. Dans ces saisons-là, tu tires sur le poteau le ballon sort, ton adversaire le fait, c'est poteau rentrant…" Une spirale négative qui donne l'impression à l'effectif malherbiste que la terre entière est contre lui. "Il faut juste un déclic. Une victoire 1-0 à la dernière seconde peut tout déclencher", espère encore Livio Nabab, formé au club.
Les Malherbistes ont pris un point face à Pau le 22 février (2-2).
Ce mal qui touche le Stade Malherbe Caen ne date pas de cette année selon les observateurs. "J'ai l'impression qu'on a tendance à dire chaque année que c'est une saison de transition", remarque Emmanuel Imorou. "Pour être franc, j'ai l'impression que le club est devenu bancal depuis le départ de Jean-François Fortin (N.D.L.R. : en 2018)", lâche Jimmy Hébert. Peu à peu, des valeurs se sont perdues, et tout semble éclater cette saison. "Il n'y a plus d'identité au Stade Malherbe Caen", poursuit l'ancien défenseur. Le dernier garant de cette identité se nommait Nicolas Seube, et son licenciement reste toujours en travers de la gorge de nombreux supporters. "Sportivement, c'est incompréhensible, tout a été mal fait", glisse Christophe Vaucelle, alias Olaf, figure de la tribune Borreli. Si Kylian Mbappé disait "comprendre la frustration des supporters", il n'avait sans doute pas anticipé une première année si difficile en rachetant le club qui file tout droit vers le National. "Tant que ce n'est pas fini mathématiquement, il faut tout donner. Tu as des salariés qui vont compatir si tu échoues", redoute Jimmy Hébert.
Le SM Caen a fait match nul (2-2), face au Pau FC. Romain Thomas a inscrit le deuxième but de la rencontre.
La dernière fois que le Stade Malherbe Caen évoluait au troisième échelon français, c'était lors de la saison 1983-1984. L'époque révolue des affrontements entre le CA Lisieux entraîné par Jacques Santini et les Malherbistes de Pierre Mankowski… Il ne reste plus qu'un infime espoir de ne pas y retourner.
Les supporters ne se reconnaissent plus dans leur club
Le Malherbe Normandy Kop, principal groupe de supporters du SM Caen, n'entretient pas les meilleures relations avec les dirigeants de la formation calvadosienne.
Qu'ils sont fidèles ces supporters. Ils étaient 15 231, massés dans les travées du stade Michel d'Ornano face à Pau samedi 22 février, emplis d'espoir malgré une saison qui vire au cauchemar. Auparavant, ceux qui n'ont pas vu une victoire en championnat à domicile depuis le 2 novembre avaient réservé un accueil spécial au bus des joueurs, prouvant qu'ils y croient encore. Pour autant, ils ne font plus vraiment confiance aux dirigeants du club.
"Ils sont dans leur monde, déconnectés", juge Christophe Vaucelle, alias Olaf, le patron du Malherbe Normandy Kop. "J'étais inquiet avec l'arrivée du clan Mbappé. Il représente une autre image du football, à des années-lumière de celle du SM Caen. Ils ont choisi les mauvaises personnes", poursuit-il. S'il reconnaît que l'investissement financier est là, il reste inquiet quant à l'année prochaine, si le club descend. "Nous soutiendrons les joueurs jusqu'à la fin, ce qui compte c'est de sauver le club. On a l'impression de plus s'impliquer que la direction", assène-t-il.
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