La Normandie souffre d'un manque criant de médecins, dentistes et spécialistes. Si Caen, Rouen ou Le Havre tirent (avec peine) leur épingle du jeu, la situation se complique rapidement en s'éloignant des grands centres urbains. Dans certaines zones rurales, il est devenu quasi impossible d'obtenir un rendez-vous dans des délais raisonnables.
• A lire aussi. Montmartin-sur-Mer. Faute de médecin, la mairie envisage de recruter en Espagne
Les habitants de l'Orne, de l'Eure ou de la Manche se plaignent d'attendre parfois près d'un an pour une simple consultation dermatologique ou un examen médical important nécessitant un spécialiste. Une situation qui pousse certains à parcourir des centaines de kilomètres (parfois jusqu'à Paris ou Rennes !) pour trouver un professionnel de santé disponible.
Des médecins étrangers en renfort
Face à ce constat alarmant, une solution se dégage : les médecins diplômés hors de l'Union européenne (UE). Selon une enquête du Conseil national de l'Ordre des médecins, relayée par Le Parisien, ces praticiens jouent un rôle crucial dans la lutte contre les déserts médicaux.
Ces professionnels de santé, formés en Algérie, Tunisie, Syrie, Maroc ou Liban, acceptent souvent de s'installer là où leurs confrères français hésitent à aller. Environ 19 154 médecins diplômés hors UE sont inscrits au tableau de l'Ordre des médecins en France, et leur contribution est décisive, notamment dans les spécialités médicales.
• A lire aussi. Manque de médecins : "Le plus dur est à venir", selon le président du Conseil de l'ordre
Ces médecins, après un long parcours de validation et d'autorisation, sont pleinement reconnus en France, avec une expertise solide et souvent très recherchée. Leur présence permet de maintenir une offre de soins indispensable dans des zones délaissées par les praticiens français.
La Normandie, troisième région la plus concernée
Les chiffres parlent d'eux-mêmes : en Normandie, entre 7,3% et 16% des médecins généralistes de l'Eure sont diplômés hors UE. Pour la Manche, le Calvados et la Seine-Maritime, ce chiffre oscille entre 2,5% et 4%. Pour l'Orne, c'est 16%.
Dans l'Orne, leur présence est particulièrement marquante : 53,3% des chirurgiens du département sont diplômés hors UE, une proportion qui souligne leur rôle clé pour maintenir une offre de soins spécialisés. Les médecins étrangers représentent plus de 15% des médecins de famille en exercice dans des départements comme l'Orne mais aussi ailleurs en France comme l'Aisne, l'Eure-et-Loir, l'Indre, et le Val-d'Oise.
• A lire aussi. Désert médical. Cany-Barville recherche désespérément des médecins
Un ancrage local fort
Si ces médecins choisissent de s'installer en milieu rural, c'est souvent par attachement personnel ou professionnel à la région où ils ont commencé leur carrière en France. Cette implantation durable contribue à faire de ces territoires des lieux de vie à part entière, et non plus seulement des zones de passage ou des "trous" médicaux. Là où les médecins formés en France refusent parfois de s'installer, eux relèvent le défi. Une contribution aussi médicale que sociale.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.