Ils sont âgés de 19 à 69 ans, et sont étudiants, retraités, jeunes actifs, bénéficiaires des minima sociaux ou en situation de handicap. Depuis octobre, huit personnes habitant dans la Coloc'Solidaire, colocation intergénérationnelle et inclusive d'Inser'Gener'Action à Elbeuf, vivent comme une petite communauté. Leur grande demeure de 720m², située dans le centre-ville, est une ancienne école fermée en 2021 et réhabilitée depuis l'été dernier. Les bénéficiaires peuvent ainsi profiter de loyers attractifs, soit 300 euros pour une chambre d'une dizaine de mètres carrés. Il existe également des chambres plus grandes avec sanitaire à 450 euros, pour les revenus plus confortables. Le reste de la maison est partagé. C'est tout le principe de ce lieu, un peu particulier, qui mêle volontairement différents publics avec l'idée de créer un modèle de colocation qui serait duplicable ailleurs. "En France, on a tendance à mettre les publics entre eux : personnes âgées en maison de retraite, les jeunes en situation de handicap dans des foyers, etc. Il y a très peu de mixité", déplore Marine Dugord, propriétaires des lieux avec sa sœur Clémence et à l'origine du projet. Pour trouver des candidats ou accompagner les colocataires, elles peuvent s'appuyer sur plusieurs partenaires : Mission locale, Centre communautaire d'action sociale ou encore l'Association départementale de parents et d'amis des personnes handicapées mentales de l'Eure.
Une colocation pour rompre l'isolement
La communauté a ses propres rituels : préparation du repas en collectivité le soir à 18h30 et courses le dimanche, sans oublier les ateliers proposés tous les jours et encadrés par deux animatrices. Solidarité oblige, ceux qui restent la journée préparent le repas du midi pour ceux qui ont des obligations professionnelles. "C'est prendre soin les uns des autres, c'est comme ça qu'on voit que cette mixité fonctionne", se réjouit Marine Dugord. Les membres se réunissent tous les lundis matin pour faire le point sur le week-end durant lequel les animatrices et les chargées d'association sont absentes. Lundi 17 février, c'était par exemple l'occasion de gérer un dégât des eaux ainsi qu'un conflit entre deux colocataires survenus durant le week-end. Pour beaucoup, le choix de ce logement s'est fait pour rompre l'isolement. Françoise*, retraitée, prend cela comme un nouveau départ. "Mon conjoint me gardait enfermée à la maison, je ne parlais plus à personne", se rappelle avec douleur la Normande. "Ici, j'ai retrouvé le partage, le contact avec les autres", même si la retraitée avoue avoir été un peu "perdue" au début. Aujourd'hui, "comme je suis la plus vieille, j'apprends beaucoup des jeunes et eux, ils apprennent aussi de moi", poursuit Françoise qui se verrait bien rester longtemps ici à condition qu'il n'y ait pas trop de tensions au sein de la communauté. "A part quelques colocations, je n'ai pas du tout l'habitude de vivre en collectivité, déclare de son côté Kilian Ribes, coach entrepreneurial à son compte, je me suis dit que c'était vraiment comme une expérience à prendre." Cette lutte contre la solitude, c'est ce que recherchait aussi le jeune homme. "Je suis assez autonome de base et plutôt solitaire donc il faut que j'apprenne à m'adapter aux autres." Ce dernier, souffrant d'une blessure au pied, doit se faire opérer prochainement et se verrait bien prolonger l'expérience de la colocation encore quelque temps.
*Pour préserver son anonymat, ni son nom complet ni sa photo ne seront diffusés.
Un lieu aussi tourné vers l'extérieur
Dotée d'une grande salle d'activité, l'habitation peut aussi recevoir du public à l'occasion de différents ateliers et de moments partagés avec les gens de l'extérieur.
Le lieu n'est pas réservé qu'aux habitants de la colocation solidaire. Une "salle d'activité" située au rez-de-chaussée du bâtiment permet d'accueillir différentes associations qui proposent des activités en tout genre, au bénéfice des résidents bien sûr, mais aussi des gens de l'extérieur. Ateliers couture, jeux de société, club de lecture, café solidaire et même des visites de musée sont proposés à raison d'une activité par jour. Celles-ci ne sont pas obligatoires pour les résidents mais conseillées pour faciliter leur intégration au sein du groupe, sachant qu'ils peuvent aussi amender le programme des activités en fonction de leurs envies.
L'habitat s'est aussi ouvert en décembre dernier à l'occasion d'un Noël Solidaire organisé par les résidents pour les personnes seules pendant les fêtes. D'autres repas partagés sont prévus dans le courant de l'année. Par ailleurs, l'association prépare l'arrivée, en mars prochain, de 230m² de jardin pédagogique avec quelques poules.
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