J'arrive à l'Abbaye-aux-Hommes pour la fin de la messe du dimanche matin. Erwan Le Prado, organiste caennais reconnu à l'international, offre son savoir-faire à chaque fin d'office avec un morceau de son répertoire, pour le plus grand plaisir des fidèles. Je passe une porte dérobée, monte un long et étroit escalier, et me voilà sur le balcon où se trouve l'orgue massif surplombant l'abbatiale. J'y retrouve Erwan Le Prado, qui m'accueille tout sourire, ravi de présenter cet appareil si singulier. "On est face à un instrument classé monument historique et datant de 1885. Donc il y a la gestion du patrimoine, et bien sûr, le service de la liturgie", introduit-il.
Un instrument unique et grandiose
Je m'assois à côté de l'organiste, et il commence à me dévoiler tous les secrets de l'orgue. "A l'intérieur de l'instrument, il y a 3 444 tuyaux, avec chacun une hauteur de ton et un timbre différents, qui vont donc imiter les instruments de l'orchestre. D'où le nom d'instrument 'symphonique'." Entre les tuyaux de "façade" visibles de l'extérieur, et ceux derrière le "buffet", invisibles, c'est tout un petit monde qui s'anime. Pour activer l'ensemble des différents sons, il faut tirer vers soi des poignées dites "registres", qui correspondent chacune à un instrument. "L'art de la registration, c'est comme une recette de cuisine, il faut savoir mélanger les différents instruments : si on se trompe d'ingrédient, la recette peut être complètement ratée." Les doigts d'Erwan Le Prado volent sur trois claviers, un quatrième monopolise ses pieds, qui passent au sol d'une pédale à l'autre avec une aisance déconcertante, et je l'observe, fascinée. Il faut une grande "indépendance des mains et des pieds, c'est tout un apprentissage, car les pédales c'est un vrai clavier aussi".
Un instrument exceptionnel
Légèrement intimidée, je m'y essaye et m'amuse à tirer les différents registres, en jouant des instruments tous plus insolites les uns que les autres. Cor, bourdon, flûte traversière ou contrebasse, qui évidemment, lorsque c'est moi qui les mets ensemble, chantent une harmonie tout à fait dissonante. Essayant de déchiffrer la partition, d'une rare complexité et qui me paraît illisible, je me rends vraiment compte du caractère exceptionnel de cet instrument.
L'organiste, pour me montrer, me joue une symphonie. L'instrument tonne sous les voûtes de l'abbatiale, résonne dans tout le monument avec une grande solennité et le banc vibre au rythme des notes. On se sent petit face à cette majestueuse et puissante mécanique. Erwan Le Prado donne des cours au conservatoire de Caen, et propose fréquemment des concerts sur cet instrument merveilleux.
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