La réalité du reste à charge "est souvent méconnue, on se rend compte que la maladie engendre un coût indirect pour les patients, créant une forme d'inégalité", explique Olivier Rigal, oncologue spécialisé en soins de support au centre Henri-Becquerel, qui salue cette avancée en matière de prise en charge des soins.
En effet, une proposition de loi visant à améliorer le remboursement de ce reste à charge par l'Assurance Maladie a été définitivement adoptée mardi 28 janvier. Si les "soins principaux", tels que la chimiothérapie, la radiothérapie ou encore les interventions chirurgicales, sont déjà pris en charge à 100 %, tout le reste demeure à la charge du patient, avec des coûts parfois très élevés. On estime en moyenne ce reste à charge à 1 400 euros.
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Le texte de loi prévoit ainsi de couvrir à 100 % les actes tels que les tatouages médicaux (sur les zones de l'aréole et du mamelon) après une ablation des seins, le renouvellement des prothèses mammaires ou encore l'achat de sous-vêtements adaptés au port d'une prothèse mammaire amovible. "Certains traitements comme la chimiothérapie s'accompagnent d'effets secondaires sur la peau, les ongles, les cheveux. Pouvoir gérer ces conséquences peut avoir un impact sur la qualité de vie, ce n'est pas du tout superficiel", souligne le praticien.
"C'est déjà une étape importante"
Les soins de support, tels que les gels, crèmes et vernis adaptés à la sécheresse sévère de la peau et destinés à prévenir la chute des ongles, seront désormais couverts par l'Assurance Maladie. "C'est déjà une étape importante", reconnaît Olivier Rigal, "même si ce n'est pas le seul cancer concerné".
Déjà en 2019, le législateur avait mis en place le remboursement des prothèses capillaires. Le forfait global de soins post-traitement, fixé à 180 euros, est désormais étendu aux soins psychologiques, ainsi qu'aux séances de nutrition et d'activité physique adaptée. Ce forfait pourra être utilisé dès la période des traitements, et non plus uniquement lors de "l'après-cancer".
Emmanuelle Hoche, ancienne patiente du centre Henri-Becquerel, aujourd'hui employée de la structure, salue, elle aussi, une "avancée nécessaire", mais ajoute : "Je pense que cela peut être extrêmement violent pour les personnes atteintes d'autres cancers". Elle a découvert son cancer du sein en 2017 et est aujourd'hui en rémission, après un long parcours de soins qui n'est pas encore totalement terminé. Si elle a la chance de pouvoir financer ses traitements complémentaires, elle ne se verrait pas renoncer, par exemple, à l'achat de manchons de contention pour gérer ses lymphœdèmes – une augmentation du volume du bras, conséquence du traitement. "Ne pas renoncer, c'est une question de finances. Moi, j'ai la chance d'avoir un revenu mensuel qui me permet de compléter les soins, mais d'autres ne le peuvent pas".
Vers une extension à d'autres cancers ?
Des voix s'élèvent désormais pour étendre cette prise en charge à d'autres cancers. Sabrina Le Bars, présidente de l'association Corasso et elle-même atteinte d'un cancer ORL, s'interroge sur les réseaux sociaux : "Qu'en est-il pour les 372 000 autres personnes touchées par d'autres cancers ?". Elle dénonce une loi injuste, évoquant un surcoût de 2 800 euros par an pour gérer les séquelles de son propre cancer.
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