En 1993, Patrick Ravily a servi comme casque bleu en ex-Yougoslavie. Trente ans après son retour d'opération, en 1994, cet homme originaire de Cabourg a écrit un livre sur cette expérience, prenant pour personnage un certain Lucien, 35 ans, jeune officier volontaire envoyé en tant que casque bleu à Sarajevo. "Et au milieu de ce chaos, il se tenait, tel un étranger parmi les décombres, confronté à l'indicible horreur de la guerre." Mais qu'on ne s'y trompe pas, il s'agit bien d'un récit autobiographique. "Lucien est mon troisième prénom, c'est vraiment moi dans ce personnage", assure l'auteur.
Pourquoi avoir écrit ce livre ? C'était une nécessité pour vous ?
"Je veux rendre hommage à mes 222 camarades casques bleus tombés là-bas, dont 88 Français. Ils sont tombés dans les tréfonds de l'histoire, je veux qu'on se souvienne de ce qui s'est passé, et de leur sacrifice. Puis poser les mots sur ce que j'ai vécu. J'ai été pris en otage. J'ai libéré des Français prisonniers. Mon interprète est morte presque dans mes bras. J'ai participé à des enquêtes, des constatations de crimes de guerre. J'ai écrit de manière assez pudique, sans voyeurisme excessif."
Pourquoi le mot "désillusion" dans votre sous-titre ?
"On s'aperçoit qu'on ne peut rien faire parce qu'il y a des freins politiques, des administrations et finalement on est livré à nous-mêmes. On voulait faire au mieux mais on ne pouvait pas… on n'avait aucun appui hiérarchique pour nous aider. Je ne règle pas mes comptes, mais je dis sans concession ce que j'ai vraiment vécu et comment je l'ai vécu. Dire aussi l'absurdité de la guerre."
Aujourd'hui encore, vos nuits sont hantées par ces souvenirs ?
"J'ai eu 52 jours de repos au retour de mission et ça n'a pas suffi à me remettre. J'étais atteint psychologiquement, meurtri… complètement épuisé. J'ai tout gardé en moi, ça a été très difficile. On a beau être solide mentalement, il y a quand même des choses qui marquent et qu'on ne peut effacer. Aujourd'hui je me sens mieux. Puis le fait d'avoir écrit ce livre, ça peut évacuer beaucoup de choses."
Quel message voulez-vous faire passer ?
"On ne retient jamais les leçons du passé. Le message est très simple : la paix et la liberté ne sont jamais acquises."
Pratique. "Les larmes de Sarajevo - Désillusions d'un casque bleu", 16€, 162 pages, Vérone Editions.
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