Qu'il s'agisse de bars à jeux, de boutiques spécialisées, d'associations ou même de maisons d'édition, tout un vivier ludique s'est développé à Caen, attirant amateurs et passionnés.
Des espaces pour partager
Des boutiques spécialisées devenues des institutions, comme Le Pion Magique et Le Bazar du Bizarre, jouent un rôle clé dans cet engouement. Présent à Caen depuis plus de 40 ans, Le Pion Magique propose une impressionnante diversité de jeux. Nicolas Coursager, qui dirige la boutique depuis 20 ans, témoigne : "Les profils des joueurs sont très variés : des familles aux gros spécialistes. Depuis 10 ans, on observe une véritable émulsion du grand public pour le jeu de société." Aurélie Bétinny, conseillère en vente au Bazar du Bizarre, souligne aussi la grande variété de l'offre. "Il y a autant de profils de joueurs qu'il y a de jeux." Et il y a plus de 1 000 nouveautés qui sortent chaque année. Au-delà des boutiques, les bars à jeux comme La Case Départ offrent un cadre idéal pour découvrir et expérimenter. Eric Schaeffert, cofondateur, explique : "Ce qui nous différencie d'un bar classique avec des jeux, c'est l'accompagnement. On propose des jeux, on explique les règles et on cherche à faire découvrir des nouveautés." Preuve que les Caennais ont le sens du jeu, les tables de la brasserie ouverte en 2020 sont complètes tous les soirs.
Pour ces différents acteurs, la clé réside dans la découverte et le partage. Ils se retrouvent en festivals qui sont nombreux dans la région. "Jouons !" à Mondeville, "Cidre et dragons" à Merville-Franceville, ou encore de plus petits événements comme "Histoire de jouer" de l'association Ephémère.
Un terrain fertile pour la création
Nicolas Marie, cofondateur du collectif CLACOS (Collectif ludique d'auteurs caennais et ouest-sud), en est convaincu : "A Caen, il y a beaucoup de possibilités pour les personnes qui aiment jouer." Le CLACOS, qui réunit une vingtaine d'auteurs, illustrateurs et rôlistes, se retrouve chaque mois au bar La Case Départ pour tester et affiner des prototypes de jeux. Un travail collaboratif essentiel pour faire évoluer les créations : "Cela permet aux auteurs de verbaliser leurs idées, de réfléchir à leur discours et à la présentation des règles", explique Nicolas Marie. Si pour la plupart des membres de ce collectif, la création de jeu est un loisir, c'est aussi un secteur créatif en pleine expansion. La maison d'édition locale Sofa Editions, cogérée par Hippolyte d'Audigier, illustre bien cette dynamique. "Créer des jeux, c'est un peu comme de la cuisine : il faut réfléchir à l'image et aux émotions que l'on veut transmettre au public", raconte-t-il.
Sofa Editions, connue pour le jeu caennais Mycellium, tend à collaborer avec de nouveaux créateurs, même si Hippolyte d'Audigier rappelle qu'en Europe, "seulement une dizaine d'auteurs réussissent à vivre de leur passion".
Pourtant, les jeux de société, autrefois cantonnés aux cercles d'initiés, sont désormais ancrés dans la culture grand public. Une évolution portée aussi par les créateurs de contenus qui rendent cet univers plus accessible. "Les contenus vidéos sur YouTube ou les grandes chaînes montrent que le jeu prend une grande place dans la vie des gens", explique Hippolyte d'Audigier. Un phénomène qui élargit les publics et contribue à faire du jeu de société une activité universelle et intergénérationnelle.
Cette association donne une seconde vie aux jeux de société incomplets
L'association Refaites vos jeux, située à Mondeville, collecte des jeux de société incomplets pour les reconditionner.
Peut-être avez-vous des jeux de société incomplets, dont vous espérez un jour retrouver la pièce manquante par hasard. Et si elle se trouvait dans la réserve de l'association Refaites vos jeux, cofondée par Antoine Gallée ? Dans son local à Mondeville, il stocke plus de 5 000 boîtes de jeu et 2 500 références. Pas de surplus ici : pour compléter un jeu, il faut parfois combiner trois boîtes identiques. "On a de tout : des jeux récents, des classiques et des vintage." La plupart proviennent de ressourceries comme la Coop 5 pour 100, de collectes en écoles, entreprises ou magasins partenaires. "Chaque mois, 300 jeux rejoignent nos étagères." L'association propose également des pièces détachées pour restaurer vos jeux. "On a beaucoup de Docteur Maboul : ses petites pièces se perdent tout le temps." Elle donne une seconde vie à ces objets intemporels, les vend à prix accessible sur Internet et crée du lien social. Antoine Gallée, qui commence à être à l'étroit dans son local, espère ouvrir une boutique physique prochainement.
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