La campagne de prélèvements a eu lieu en septembre, les résultats sont tombés deux mois plus tard, révélant l'existence de PFAS (perfluoroalkylés et polyfluoroalkylés) dans l'eau du robinet de l'agglomération. Deux prélèvements ont été effectués, un à Sotteville-lès-Rouen et l'autre dans le centre de Rouen, les deux secteurs correspondant à deux captages différents. C'est le captage de Fontaine-Sous-Préaux à la source du Robec, qui alimente le centre-ville de Rouen tandis que Sotteville-lès-Rouen est raccordé au point de captage de la Chapelle au niveau du rond-point des Vaches, à Saint-Etienne-du-Rouvray. Les deux prélèvements ont été faits "directement à la sortie du robinet du consommateur", explique Alain Rouziès, vice-président de l'association UFC-Que Choisir à Rouen. "Il existe deux types de PFAS, ceux qui viennent de l'industrie et ceux qui proviennent de la détérioration des pesticides qu'on appelle TFA (acide trifluoroacétique)", poursuit le bénévole.
Des résultats qui dépassent parfois les normes
Pour le premier prélèvement à Sotteville-lès-Rouen, "on a trouvé une dizaine de PFAS sur les 20 que l'on cherchait, la somme de tous ces PFAS représente 59,9ng/L et la norme actuelle est de 100ng/L (pour 20 PFAS) donc on est en dessous", remarque Alain Rouziés. En revanche, s'agissant des TFA issus des produits phytosanitaires, "on en trouve 110ng/L", constate UFC-Que Choisir. Selon l'association, l'usine BASF de Saint-Aubin-lès-Elbeuf qui fabrique du fipronil, produit phytosanitaire servant aussi au traitement antipuces des animaux domestiques, n'est pas étrangère à cette pollution. Cette même usine a fait l'objet dernièrement d'une alerte d'un collectif d'associations et de partis révélant "une pollution 'record'" au polluant éternel TFA de l'usine BASF. "Le problème c'est que Saint-Aubin, c'est une grosse unité qui fabrique ces produits depuis maintenant une petite trentaine d'années, rebondit Alain Rouziès, on s'est rendu compte que cette usine était l'une des plus grosses productrices de PFAS en France."
L'UFC-Que Choisir remarque aussi que le captage d'eau de la Chapelle, celui qui alimente notamment Sotteville-lès-Rouen, a été construit en aval de la zone industrielle et chimique de Oissel / Saint-Etienne-du-Rouvray. "Sur cette zone, il y avait des essais de feu qui ont été faits pour préparer les pompiers à la gestion des incendies, sauf qu'on s'est aperçu que les extincteurs contenaient eux aussi des PFAS." Les eaux d'extinctions ont pu alors se retrouver dans le captage selon l'association, malgré la mise en place d'une barrière hydraulique pour contenir les polluants.
Des normes discutables ?
S'agissant de Rouen, là encore les "PFAS industriels" trouvés sont dans des valeurs en dessous des normes, soit 24,2ng/L. "En revanche on trouve 250ng/L de TFA dépassant largement la norme actuelle, et il y a de fortes chances que cela provienne du milieu agricole. Nous trouvons que les normes devraient être travaillées plus sérieusement pour être sûr qu'il n'y a pas de problème pour la santé", précise Alain Rouziès, évoquant le cas du Danemark, pays d'Europe qui applique les seuils les plus sévères en ce qui concerne les PFAS, soit 2 nanogrammes par litre, tandis que les Etats-Unis appliquent un seuil à 4 nanogrammes en visant la tolérance zéro.
Par ailleurs, selon une note de l'Agence régionale de santé (ARS), "la toxicité de ces composés chimiques est multiple, ils provoquent une augmentation des taux de cholestérol, peuvent développer des cancers, ont des effets sur la fertilité et le développement du fœtus". Alain Rouziès regrette que "la recherche ne soit pas allée plus loin pour déterminer quel est le véritable seuil acceptable".
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