Sur le modèle des vases communicants, l'instabilité budgétaire et politique de l'Etat se répercute sur les finances des plus petites communes. Dans l'agglomération de Rouen, plusieurs villes sont ou ont été contraintes de réviser leur budget à l'aune des annonces du gouvernement qui n'a toujours pas de projet de loi de finances pour 2025. Habituellement voté en décembre, le budget de la ville de Grand-Quevilly sera "pour la première fois voté en janvier (le 29)", déclare d'emblée le maire Nicolas Rouly, soulignant le caractère inédit de la situation.
Des investissements en baisse
L'élu assume de devoir "réduire le rythme d'investissement" pour sa commune de 26 000 habitants, soit environ 1,2 million d'euros en moins par rapport à 2024 sur un budget qui sera de l'ordre de 8,2 millions au total pour 2025. Le maire a décidé par exemple de reporter jusqu'à nouvel ordre la rénovation de l'école élémentaire Levillain et celle du stade Géo André, mais aussi de renoncer à l'installation de jeux hydrauliques dans le cadre des travaux sur la roseraie. "Une grande partie de nos ressources sinon l'essentiel vient des dotations de l'Etat", affirme l'élu. Dans la ville voisine de Petit-Quevilly, le flou autour des décisions budgétaires de l'Etat pousse aussi la collectivité à envisager le gel de certains projets. "L'impact le plus important pour nous c'est l'incertitude liée au fonds vert", précise la maire Charlotte Goujon. Sans ce dispositif d'Etat qui permet de financer les investissements "verts" des collectivités, la Ville ne pourrait pas achever le projet de renouvellement urbain de la piscine. Il s'agit de financer la dépollution d'une parcelle pour un accompagnement de 1 à 2 millions d'euros du fonds vert. "Cela fera partie des arbitrages qu'on aura d'ici mi-février", poursuit l'élue. "La première difficulté c'est de travailler un budget dans un contexte aussi flou", remarque de son côté Théo Pérez, maire de Bois-Guillaume. Partant du principe que ni le fonds vert ni l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) n'alimenteront la collectivité cette année, la mairie a décidé de diviser par deux le montant des investissements pour la rénovation énergétique du patrimoine municipal, car "après les grands projets qui sont maintenus, c'est le premier poste d'investissement de la Ville". La Ville de Bihorel, dont les investissements ont été plus importants l'an dernier en raison notamment de la rénovation thermique de l'école René-Coty, n'est pas inquiète pour l'année 2025, qui sera mécaniquement moins coûteuse que 2024. "Des communes comme les nôtres ne font rien sans le soutien de l'Etat", reconnaît cependant le cabinet. L'inquiétude porte plutôt sur le niveau des Dotations d'équipement des territoires ruraux (DETR) dans les 4 à 5 ans à venir. Au contraire, la commune de Maromme a augmenté d'un tiers son budget. "Pour faire face à la succession de crises - sanitaire, énergétique et inflationniste - j'avais décidé de manière drastique de tout stopper en 2023", assume le maire David Lamiray, évoquant l'absence d'investissements, de festivités ou d'animations cette année-là. A cela s'est ajoutée une "rigueur absolue" sur les coûts de fonctionnement, rigueur maintenue jusque-là. Surfant sur une bonne situation financière grâce à ces sacrifices et bénéficiant du "taux d'endettement de la Ville le plus bas depuis l'après-guerre", la commune a pu "consolider" son budget sans y intégrer les recettes de l'Etat, soit un budget à plus de 30 millions d'euros contre 20 habituellement.
Un budget stable et un investissement en légère hausse
Le budget de la Métropole varie peu malgré le contexte de crise budgétaire. Il est même en légère hausse en ce qui concerne l'investissement.
Le budget de la Métropole se stabilise autour d'un milliard d'euros pour l'année 2025. Il est même en légère hausse concernant la part d'investissement par rapport à 2024. La collectivité assure d'ailleurs être, avec ce budget, le "deuxième acteur de Normandie, avec la Région, en matière d'investissement public". "La Métropole a d'abord une mission d'investissement contrairement à une commune", précise Nicolas Rouly, qui, en plus d'être maire de Grand-Quevilly, est vice-président de la Métropole en charge des finances.
Comment compenser alors ces nouvelles dépenses ? En réduisant le volume des dépenses de fonctionnement et en augmentant le volume d'emprunt. La Métropole étudie également la possibilité d'obtenir des recettes supplémentaires de la part de l'Etat, notamment l'augmentation du versement mobilité, une taxe à laquelle sont soumises les entreprises pour permettre le financement des transports en commun dont a pu bénéficier la région Ile-de-France.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.