Le mouvement de grève dure depuis le 23 décembre 2024 pour les médecins du Samu de Rouen, qui assurent malgré tout la prise en charge des patients. En cause, un manque de médecins généralistes pour assurer la régulation des appels téléphoniques au 116 117. "Le dispositif qui a été mis en place pour les appels au 15 et au 116 117 repose sur les deux pans : la médecine d'urgence et la médecine libérale. Elle ne peut fonctionner que si les deux cohabitent", explique Cédric Damm, directeur médical du Samu de Rouen, compétent pour les deux tiers du territoire seinomarin.
"Il y a le risque qu'un appel urgent se noie"
Les médecins libéraux doivent s'occuper de la régulation des appels au 116 117 pour les soins non urgents en dehors des horaires d'ouverture des cabinets médicaux, et sur la base du volontariat. Mais ils sont trop peu nombreux pour remplir les plannings de permanence, notamment sur le week-end ou les périodes de vacances. Ces appels non urgents sont donc réorientés vers le 15 et créent une surcharge de travail pour les médecins urgentistes du Samu. "Nos appels 15 sont entravés par l'afflux d'appels au 116 117 qui ne relèvent pas de notre compétence." Et les conséquences peuvent être importantes pour la bonne prise en charge des patients. "Si vous noyez les appels urgents dans un flot d'appels de permanence de soin, il y a le risque, malgré le tri en amont, qu'un appel urgent se noie", alerte Fabrice Venier, urgentiste du Samu et représentant de l'Association des médecins urgentistes de France. Pendant les fêtes, les délais ont pu monter jusqu'à une heure d'attente au 116 117. "Certains patients raccrochent, et vous ne pouvez pas jurer qu'il n'y avait pas quelqu'un qui avait besoin de soins urgents."
"On a eu des échanges pour retrouver une organisation adaptée pour tout le monde", indique Patrick Daimé, président du conseil départemental de l'ordre des médecins de Seine-Maritime. "Un travail de recrutement de nouveaux régulateurs est en cours et des médecins généralistes qui étaient en retrait devraient revenir", indique-t-il. Encore faut-il que l'activité soit attractive pour ces médecins de ville, ce qui était de moins en moins le cas, en particulier depuis la revalorisation du montant de la consultation.
"Au 1er janvier 2025, une revalorisation des tarifs de régulation de la permanence des soins ambulatoires est entrée en vigueur", indique l'Agence régionale de santé (ARS) de Normandie, ce qui pourrait régler le problème. "Les plannings de régulation en nuit profonde des médecins libéraux de Rouen sont désormais quasi complets et les professionnels du Havre sont actuellement mobilisés pour finaliser leurs plannings avant la fin du mois."
L'ARS indique aussi mettre en place "prochainement des groupes de travail pour renforcer la coopération territoriale" sur ces questions et faire face à une augmentation constante des appels reçus au 15 et au 116 117.
Une loi pour imposer les permanences de régulation aux généralistes ?
Jeudi 16 janvier, les grévistes du Samu de Rouen ont reçu la visite de Florence Hérouin-Léautey, députée de Seine-Maritime, qui s'interroge sur la possibilité de rendre obligatoire ces permanences de régulation pour les médecins généralistes. "Légiférer, c'est effectivement une question… Il faut que le système de soin se réorganise, et si on ne peut pas compter sur l'engagement de chacun, il faut que le cadre soit écrit", indique-t-elle.
"Actuellement, c'est une obligation déontologique mais qui repose sur la base du volontariat, appuie Cédric Damm. Ça pose des soucis sur certaines périodes. Il faut renforcer cela, voire imposer la permanence des soins à la médecine générale."
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