Lundi 6 janvier, le tribunal correctionnel de Caen a rendu son verdict dans une affaire où se mêlaient héritage, affection et soupçons d'abus de faiblesse. Une ancienne femme de ménage et sa fille étaient jugées pour avoir profité de la vulnérabilité d'une riche octogénaire, aujourd'hui décédée. Après délibéré, elles ont été relaxées.
Une relation d'une rare proximité
L'histoire commence il y a une trentaine d'années, lorsque la prévenue, femme de ménage de profession, entre au service d'une dame aisée. Les liens de travail évoluent rapidement en une relation intime et affective. "Elle était comme une mère pour moi", a expliqué la prévenue, qui se considérait comme sa "fille de cœur". Au fil du temps, elle est devenue ce qui pourrait s'apparenter à une dame de compagnie, qui s'occupait de cette femme, vieillissante et seule, puisqu'elle avait coupé tout pont avec sa famille.
Cette proximité se reflétait dans leur quotidien. Tous les mercredis, l'aide ménagère et sa fille emmenaient l'octogénaire en ville pour déjeuner au restaurant et faire des emplettes dans les boutiques du centre-ville de Caen. Les dimanches, elles se rendaient régulièrement ensemble au casino de Luc-Sur-Mer.
Chaque semaine, la vieille dame qui aimait dépenser et profiter de son patrimoine, offrait des vêtements à la fille de la prévenue au cours de leurs promenades.
Des dépenses jugées excessives
L'avocate de la famille de la défunte a pointé des dépenses qu'elle a qualifiées de "démentielles". Mille euros pour des draps, 3 000 euros dépensés en une journée dans une boutique de prêt-à-porter, ou encore le financement de la robe de mariée et de la bague de fiançailles de la fille de l'aide ménagère.
Les soupçons se sont également portés sur des comportements ambigus. La prévenue se serait à plusieurs reprises présentée comme la fille de l'octogénaire, notamment auprès de médecins à l'hôpital. Cette proximité a été perçue comme troublante par les membres de la famille, qui ont été écartés de l'héritage lorsque la femme de ménage a été désignée comme légataire universelle de l'assurance-vie de la défunte par un testament rédigé en 2012, puis reconfirmé en 2017. Une assurance-vie qui s'élevait à plus de 200 000 euros.
Un doute favorable aux prévenues
Cependant, le ministère public a insisté sur la singularité de cette affaire. A ses yeux, cette situation ne correspond pas au schéma classique des abus de faiblesse. La relation entre les deux femmes, bâtie sur 30 années de complicité, ne semblait pas motivée par un objectif purement financier. La mise sous curatelle aurait d'ailleurs été demandée par l'aide de ménage elle-même, selon son avocat, dans le but de "protéger" la vieille dame, qui ne voulait plus gérer son patrimoine.
Après avoir pris en compte ces éléments, le tribunal a décidé de relaxer la femme de ménage et sa fille.
Un héritage qui divise
Pour la famille de la défunte, la décision reste difficile à accepter. Leur avocate avait réclamé 3 000 euros de dommages et intérêts pour préjudice moral, ainsi que le remboursement des frais de justice. Mais la justice a estimé que le bénéfice du doute devait s'appliquer.
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