C'est, en quelque sorte, la tour de contrôle du pont de Normandie. Le bâtiment du service exploitation offre une vue plongeante sur les dix voies de péage. Derrière les écrans, il y a du monde 24h/24, tous les jours de l'année. Jean-Pierre Fagot, 28 ans de maison, est l'un des cinq inspecteurs de péage qui y travaillent. Il supervise les deux à trois receveurs chargés d'assister les clients aux barrières de péage. S'ils ne sont plus en contact direct avec la clientèle, ces receveurs sont bel et bien présents dans des cabines au niveau des voies, pour une assistance téléphonique voire physique.
Une trentaine de caméras
Mais l'inspecteur de péage a aussi un rôle de veille. "On peut prendre la main sur la trentaine de caméras présentes sur le viaduc du grand canal et le pont de Normandie, détaille Jean-Pierre Fagot, pour vérifier par exemple la nature d'un objet qu'on nous a signalé sur la chaussée." En trente ans, la technologie a évidemment évolué pour apporter davantage de précision. "D'ici, on est en mesure de déclencher des interventions de nos patrouilleurs voire d'un dépanneur, des pompiers ou des forces de l'ordre", détaille Philippe Behuet, chef d'exploitation des ponts de Tancarville et de Normandie. C'est aussi depuis cet espace que sont envoyés les messages sur les panneaux lumineux. "Pas question de vous souhaiter votre anniversaire lors de votre passage, plaisante Philippe Behuet, ce sont des messages normés de trois lignes et 18 caractères par ligne." Au total, 90 textes différents peuvent être affichés sur ces panneaux à message variable, dans un sens ou dans l'autre, voire les deux. "Cela permet d'informer rapidement les usagers sur la météo, les accidents, les objets sur la chaussée, la circulation…", détaille Jean-Pierre Fagot. Quelques secondes suffisent pour inscrire le message.
L'inspecteur garde aussi un œil sur la météo, via un ordinateur dédié. Des anémomètres permettent de surveiller en temps réel la force du vent, ainsi qu'une rose des vents. "Un vent dans l'axe du pont est peu contraignant, contrairement à un vent de travers, vent d'ouest ou de nord ouest, assez fréquent dans notre estuaire", note Philippe Behuet. En cas de danger, un filtrage de certains véhicules - notamment les poids lourds - peut être décidé, en lien avec la préfecture. Pour le froid, des capteurs permettent de surveiller la température de l'air ambiant et celle de la chaussée. "On ne met surtout pas de sel sur le tablier, ça rouille !", rappelle le chef d'exploitation. Ce sont des produits déverglaçants similaires à ceux utilisés dans l'aviation qui sont employés. "Les outils dont nous disposons permettent de voir en temps réel leur efficacité." Lors des alertes météo importantes, un prestataire spécialiste de la viabilité hivernale est par ailleurs mis en alerte avec, à disposition sur place, des lits et une cuisine.
Receveurs et inspecteurs travaillent en trois huit. "La nuit, il y a moins de circulation mais il faut toujours rester vigilant", affirme Jean-Pierre Fagot. Piéton solitaire, voiture en panne… Rien ne doit échapper à cette tour de contrôle qui voit chaque jour le soleil se lever au-dessus des 184 haubans.
Receveurs, électriciens, patrouilleurs...
Pour faire fonctionner le pont, différents métiers sont nécessaires.
Ils sont une soixantaine à travailler sur les ponts de Tancarville et de Normandie.
Les patrouilleurs
Ces cinq techniciens ont plusieurs missions : baliser la chaussée lors d'un incident, dégager les objets tombés sur les voies, etc. Ils sécurisent les entreprises chargées de la maintenance du pont et réalisent des petits travaux de bâtiment ou d'espaces verts.
Les électriciens
Ces cinq techniciens spécialisés sont chargés d'effectuer des réparations sur les systèmes pneumatiques ou informatiques du pont, ou encore sur les éclairages, les panneaux à messages variables ou le groupe électrogène.
Deux assistants et un responsable appuient ces métiers techniques.
Les receveurs et inspecteurs
La terminologie de ce métier remonte au temps où l'on percevait encore les péages en monnaie. L'automatisation s'est faite à partir de 2010. Aujourd'hui, deux receveurs sont encore présents à proximité des voies pour dépanner les usagers à distance ou physiquement, si c'est nécessaire. Les 34 receveurs (sur les deux ponts) sont eux-mêmes assistés par dix inspecteurs (voir ci-dessus).
Les assistants
Ils sont en charge de la gestion des abonnements et des relations clients, le contrôle des transactions de péage, les commandes ou les plannings.
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