Les traitements concernés sont bien connus du grand public : Actifed Rhume, Dolirhume Paracétamol, Humex Rhume, Rhinadvil Rhume, ou encore Nurofen Rhume. Ces produits, plébiscités pour leur capacité à soulager un nez bouché en quelques heures, partagent tous un ingrédient commun : la pseudo-éphédrine.
Cette molécule, vasoconstrictrice, agit en réduisant l'inflammation des vaisseaux sanguins dans les voies nasales. Mais elle peut, dans de rares cas, entraîner des effets secondaires graves tels que des infarctus, des accidents vasculaires cérébraux (AVC) ou des convulsions. Selon l'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé), ces risques sont d'autant plus inacceptables qu'ils concernent une pathologie bénigne comme le rhume.
Une décision tardive
La mise sous ordonnance de ces médicaments était attendue depuis plusieurs années. Dès 2023, l'ANSM avait émis des recommandations pour limiter leur usage, sans toutefois aller jusqu'à les interdire. Cette lenteur dans la prise de décision suscite des critiques, notamment de la part de la revue indépendante Prescrire, qui soulignait déjà : "Les soignants ont mieux à faire que de passer du temps à déconseiller aux patients un médicament qui devrait être retiré du marché."
Le président du syndicat des pharmaciens, Sébastien Ledunois, partage ce constat, tout en déplorant une solution imparfaite. "Il aurait mieux valu qu'il soit entièrement retiré de la vente. C'est une demi-mesure inutile. Un médicament qui fait mourir fera toujours mourir, sur ordonnance ou en libre-service."
Les pharmaciens en première ligne
Cette décision impacte directement les pharmaciens, pris entre leur responsabilité de professionnels de santé et leur rôle de distributeurs. "Les labos ne sont pas tenus de récupérer les stocks. Donc c'est nous, les pharmaciens, qui sommes pénalisés : on va avoir beaucoup de pertes. C'est bien en termes de santé publique, mais la décision prise ne l'a été qu'à moitié."
Depuis plusieurs années, ces professionnels avaient déjà commencé à limiter volontairement la vente de ces médicaments, conscients des risques encourus. "Nous, ça fait des années qu'on freine la vente de ces produits", insiste Sébastien Ledunois.
Une efficacité remise en question
Pour certains médecins, la balance bénéfices-risques de ces traitements est difficile à défendre. "Moi, si j'étais médecin, jamais je ne prescrirais ces médicaments", affirme Sébastien Ledunois. Cette défiance s'explique aussi par le manque de preuves scientifiques établissant un lien direct entre la pseudo-éphédrine et les AVC, ce qui complique tout retrait définitif au niveau européen.
En attendant, les pharmaciens devront s'adapter à cette nouvelle réglementation et gérer les attentes des patients habitués à ces traitements en libre accès.
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