Malgré la chute du gouvernement Barnier, mercredi 4 décembre, les universités restent dans l'inquiétude concernant leur situation financière. Ces préoccupations font suite aux annonces du budget 2025 sur le volet de l'enseignement supérieur. L'ancien gouvernement Barnier avait prévu de demander aux universités 350 millions d'efforts supplémentaires en 2025, du fait de l'augmentation du Compte d'affectation spéciale pension (CAS), destiné au recouvrement et à la gestion financière du régime des retraites de l'Etat. Cette nouvelle ligne sur le budget devait donc être assumée par les universités, financièrement autonomes depuis 2007. La goutte de trop selon Laurent Yon, président de l'université de Rouen Normandie. "Pour nous, c'était 3 millions d'euros supplémentaires." Patrick Hetzel, ex-ministre de l'Enseignement supérieur avait même annoncé la mise en place d'un fonds de solidarité entre les universités en prélevant 1% supplémentaire sur leurs budgets avant d'y renoncer face à la grogne des universitaires.
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Si pour le moment ces mesures sont gelées du fait de la destitution du gouvernement, le déficit est bien là pour l'université de Rouen comme pour bon nombre de facultés en France. En effet, cette situation n'est pas nouvelle, elle découle des anciennes mesures dites "Guerini" du nom de l'ex-ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, en 2022, ayant pour but de revaloriser les salaires des agents publics. "Pour l'université de Rouen, les mesures Guerini, ça a représenté plus de 7 millions d'euros, que je dois payer tous les ans", poursuit le président d'université. Ces mesures, "n'ont été que compensées partiellement, voire pas du tout", estime-t-il.
Des conséquences sur l'offre de formation
S'ajoute à cela la "facture énergétique". Selon Laurent Yon, cette dernière aurait augmenté de 3 millions d'euros quand bien même l'université a baissé sa consommation d'électricité de 5%. Sans compensation, l'université de Rouen envisage de prendre des mesures drastiques telles que réduire l'offre de formation, voire fermer des formations avec peu d'effectifs ou des antennes universitaires. Mais la plus grande marge de manœuvre est à trouver dans la masse salariale, estime Laurent Yon. "C'est 80% de mon budget… cela veut dire recruter moins de titulaires, ne pas remplacer un départ à la retraite sur deux, voilà les solutions qu'on est obligé de prendre et cela n'est pas du tout ma stratégie pour l'université."
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Toujours selon Laurent Yon, le budget prévisionnel 2025 de l'université de Rouen, qui doit être présenté le 13 décembre, fait état d'un déficit de 13,5 millions d'euros. Après une première journée "université morte", mardi 3 décembre, une intersyndicale appelle à renouveler le mouvement, mardi 10 décembre. Les manifestants sont appelés à se rassembler devant le ministère de l'enseignement supérieur à Paris.
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