Elle voulait changer de vie, elle en a choisi une originale. Installée à Lougé-sur-Maire, près d'Argentan, Audrey Chevreau n'a pas une ferme comme les autres : elle y cultive des champignons, notamment des pleurotes gris, parfois des jaunes et des roses, d'où le nom de sa champignonnière, Les Pleurotes de l'Orne. "C'est en cherchant une idée insolite et une culture accessible, qui ne demande pas de trop gros bras ni un travail trop harassant comme le maraîchage, que j'ai découvert la myciculture", explique la femme de 42 ans.
Audrey Chevreau cultive des champignons dans sa ferme à Lougé-sur-Maire (Orne).
Le champignon, une histoire de famille
Celle qui a vécu une partie de sa jeunesse au Grès, près de La Ferté-Macé, habitait depuis une quinzaine d'années à proximité d'Elbeuf (Seine-Maritime) où elle a effectué plusieurs métiers. "J'ai toujours été plus ou moins indépendante. Sur la fin, j'avais une entreprise individuelle qui est devenue ensuite une société avec mon mari. A l'approche de la quarantaine, je me suis dit que je voulais changer de vie et comme j'ai toujours rêvé d'avoir ma petite ferme, c'était le moment", sourit Audrey Chevreau. Elle avait la volonté de changer, mais ne savait pas vers quoi se diriger. "L'idée de base, c'était plutôt quelque chose de vivrier et d'être autonome avec un petit peu de tout", présente-t-elle, loin d'imaginer qu'elle cultiverait des champignons. Pourtant, ces derniers ont toujours eu une belle place dans sa famille. "Mon père m'a toujours appris les champignons. On les cueillait en forêt d'Andaine, on avait nos coins, se souvient-elle. Il n'y a pas que le côté cueillette, mais aussi l'esthétique du champignon. C'est quelque chose qu'on trouve beau. Il a toujours fait partie de chez nous et maintenant il est vraiment intégré à 100% dans nos vies", de la décoration relative aux champignons dans le chemin d'accès à sa maison, à sa serre hermétique installée dans la grange où ses différentes espèces poussent sous une lumière bleue et rouge.
Les shiitakés font partie des deux variétés de champignon qu'Audrey Chevreau cultive à l'année.
Des variétés insolites
En plus des pleurotes gris, elle cultive toute l'année des shiitakés, des champignons japonais aussi appelés "lentins du chêne" en français. "C'est un champignon asiatique qui ne pousse pas sous nos latitudes, mais qu'on cultive très bien", souligne la quarantenaire. La mycicultrice exploite également des variétés plus insolites à l'image des hericium qui ressemblent à de petits pompons blancs ou encore des chestnut, une variété orangée à pois blancs, ainsi que le Ganoderme luisant aussi connu sous le nom de reishi. Il s'agit d'une variété médicinale qu'elle ne vend pas encore à ce titre. "L'idée d'exploiter le champignon médicinal est là, mais c'est un projet à plus long terme, donc en attendant ils me servent en déco pour mon stand sur le marché. C'est très joli. C'est un champignon qui reste tel quel et qui ne pourrit pas", dit-elle.
Cela fait désormais plus de 2 ans que la champignonnière Les Pleurotes de l'Orne existe, en partie grâce à la Coopérative d'activité et d'emploi (CAE) agricole Rhizome d'Essay "qui m'a permis de me lancer en espace test pour voir si le projet était viable et si ça me convenait", précise Audrey Chevreau. Le résultat est concluant. "Maintenant on le fait pour de vrai", lance-t-elle. La mycicultrice reste chez Rhizome en tant que salariée coopératrice, ce qui va lui permettre en janvier de se dégager un salaire.
Pratique. Commandes sur pleurotesdelorne.com.
Elle fait des tests pour l'implantation d'une espèce en extérieur
Audrey Chevreau a réalisé un chantier participatif dans la partie boisée de sa ferme pour y implanter des champignons pieds bleus.
Audrey Chevreau voue une passion débordante à ses champignons, dans tous les sens du terme. Alors qu'elle cultive déjà plusieurs espèces dans sa ferme, elle a étendu sa culture à l'extérieur de la grange, dans la petite partie boisée présente sur son terrain. "Je suis en train d'y implanter des cultures de pieds bleus. C'est une variété qui se cultive un peu comme les champignons de Paris en salle, mais qu'on peut aussi trouver en extérieur dans les bois en automne", explique la spécialiste.
Un chantier participatif
Elle fait donc l'expérience de l'implanter sur un petit milieu forestier. Elle a organisé un chantier participatif avec les salariés coopérateurs de Rhizome pour implanter le champignon dans toute la partie forêt de sa ferme. Les participants ont donc mis en terre le mycélium, la racine du champignon.
En 2025, une année charnière pour son développement
Un laboratoire, de nouvelles serres… L'année 2025 va être une étape importante pour Audrey Chevreau dans le développement des Pleurotes de l'Orne.
Après deux ans et demi en espace test, Audrey Chevreau va lancer en janvier la première "vraie" année de son projet, Les Pleurotes de l'Orne. Au-delà de cela, cette année 2025 va être pleine de défis et d'ambition, avec un objectif en tête de liste : être autonome sur le mycélium, l'équivalent de la racine du champignon. "Je fabrique déjà mon substrat de pousse, mais pour les champignons que je veux incuber, pour l'instant je commande le mycélium", indique la mycicultrice.
De nouvelles serres
Elle souhaite donc fabriquer son propre mycélium, ce pour quoi il est nécessaire d'avoir une partie laboratoire qu'elle n'a pas encore complètement installée. A côté de cet objectif, Audrey Chevreau devrait investir dans de nouvelles serres en dur pour remplacer la tente hermétique utilisée jusqu'ici pour ses cultures.
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