Ils se sont rendus visibles sur le port du Havre avant de se faire entendre dans le centre-ville, à la nuit tombée : les agriculteurs de Seine-Maritime étaient mobilisés, lundi 18 novembre, à l'appel de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs 76, syndicats majoritaires dans la profession. Le deuxième acte d'une colère qui s'était déjà fait entendre en janvier dans les villes et les campagnes.
"Si on importe plus, les prix vont descendre plus"
Cette fois c'est l'accord de libre-échange entre l'Union Européenne et le Mercosur (Brésil, Uruguay, Argentine, Paraguay Bolivie) qui inquiète les agriculteurs français. D'où le choix symbolique de l'écluse François Ier pour y installer une douzaine de tracteurs, entourés d'une centaine de manifestants venus des quatre coins du département. "Le port du Havre est la porte d'entrée de l'Europe, pour les produits agricoles notamment" souligne Reynald Fréger, betteravier à Raffetot.
Au #Havre des agriculteurs de toute la Seine-Maritime sont réunis à l'appel de la Fdsea et des JA76 sur l'écluse François 1er sur le port, porte d'entrée du commerce européen. Ils disent leur opposition à un accord commercial avec le #Mercosur @JA_Normandie @FrseaNormandie pic.twitter.com/LnMr1UybrK
— Tendance Ouest (@tendanceouest) November 18, 2024
"Les importations envisagées en sucre, c'est 190 000 tonnes, sans droits de douane. Cela représente la production annuelle d'une sucrerie" détaille le producteur, par ailleurs président de la Confédération générale des planteurs de betteraves en Seine-Maritime. "La production est déjà impactée par l'Ukraine, pour la récolte qui arrive on redoute une baisse de 20 à 20% des prix. Si on importe encore, cela va descendre plus".
Cette fois, c'est le traité de libre-échange avec le Mercosur qui est ciblé. - Célia Caradec
190 000 tonnes de sucre, 180 000 de volaille, 100 000 de bœuf… Malgré des quotas, Emmanuel Roch, président des Jeunes Agriculteurs de Normandie, redoute lui aussi l'impact des importations depuis les pays du Mercosur : "ce sont des productions qui n'ont pas les mêmes contraintes sanitaires, environnementales que les nôtres, qui vont venir concurrencer nos produits, qui ont des coûts de production supérieurs. Cela tirer encore plus les cours vers le bas et mettre davantage nos exploitations en difficulté".
Edouard Philippe à leur rencontre
Cette mobilisation intervient à un peu plus de deux mois des élections professionnelles dans les chambres d'agriculture. "Sortez les drapeaux et faites de belles photos !" haranguait d'ailleurs, au mégaphone, Arnold Puech d'Alissac, de la FNSEA, à l'arrivée sur place d'Edouard Philippe, sous la pluie battante. Le maire du Havre - par ailleurs candidat à la prochaine élection présidentielle - est venu "écouter, discuter, dire" ce qu'il pense de ce traité avec le Mercosur.
Peu après 21 heures, le maire du Havre Edouard Philippe est venu rencontrer les agriculteurs.
"Il faut le bloquer. Toute seule, la France ne le peut pas. Il faut qu'elle arrive à former autour d'elle en Europe un bloc assez solide capable de freiner le processus voire de l'interrompre". Malgré la venue du maire sur le port, la soirée s'est terminée à coups de klaxons de tracteurs, dans le centre-ville.
Reportage - Les agriculteurs contre le Mercosur
Ici, la mobilisation des agriculteurs devant le centre des impôts du Havre, lundi 18 novembre.
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