Pas besoin de passer par l'école des sorciers pour faire un saut dans le temps. Il suffit de rencontrer Mickaël Biabaud, chargé de recherche, et Axel Tillier, modélisateur 3D, dans les locaux de l'école Brassart à Caen. Membres de l'association Cadomus, ils portent un projet ambitieux : la modélisation en 3D des rues du Caen d'avant-guerre, une époque où la ville n'avait pas encore subi les bombardements.
Histoire et précision
J'ai rendez-vous dans une salle informatique ordinaire. Au milieu des étudiants en création numérique, se cache un trésor historique. Axel Tillier branche son disque dur sur un ordinateur, révélant le fruit de plus de sept années de travail minutieux. Pendant que le logiciel de modélisation 3D se lance, Mickaël Biabaud et Axel Tillier m'expliquent leur démarche avec passion. "Nous sommes des tailleurs de pierre numériques." Leur objectif : recréer une version fidèle du Caen de 1936. Pour cela, Mickaël Biabaud collectionne inlassablement des photos d'archives, des plans d'époque et tout autre document témoignant de la vie à cette époque. Axel Tillier développe des programmes pour représenter les textures des bâtiments, la lumière selon les saisons ou encore les mouvements de foule. "Mon métier est réussi quand on ne voit pas que je l'ai fait." Je déambule dans les rues virtuelles mais tout n'est pas encore parfait. "Cet oiseau ne fait pas un dérapage naturel, il faut le retravailler", note Axel Tillier. Mickaël Biabaud, lui, remarque l'absence de volets sur une fenêtre. Leur perfectionnisme est sans faille, mais le chantier est immense : à ce jour, seulement 3% de la ville a été modélisée.
"L'idée, c'est que le projet nous survive"
Je découvre le quartier Singer, aujourd'hui disparu. Coïncidence amusante, c'est à cet emplacement qu'on trouve aujourd'hui l'avenue du 6 juin et les locaux de Tendance Ouest. "L'idée, c'est que le projet nous survive", m'explique Mickaël Biabaud. Même si c'est "leur bébé", les membres de l'association Cadomus souhaitent partager leur méthodologie pour que d'autres chercheurs puissent s'y investir. Ces images, vouées à évoluer avec les nouvelles technologies et découvertes, prennent vie sous forme de vidéos immersives. Prochainement, elles seront mises en lumière en ouverture de l'émission "Des Racines et des Ailes" dédiée au patrimoine normand. Je me demande si ce travail ne développe pas un sentiment de nostalgie, mais pour Mickaël Biabaud, "avec la nostalgie, on perd l'aspect de la recherche. L'histoire a fait son travail, c'est comme ça".
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