C'est ce qu'on appelle une chambre anéchoïque dans le jargon scientifique ou, en l'occurrence, semi-anéchoïque en ce qui concerne celle du CEVAA, le bureau d'études simulation et expertise acoustique/vibratoire situé à Saint-Etienne du Rouvray. Plus simplement appelée "chambre sourde", cette pièce unique en Normandie fait office de vitrine pour la structure et de fierté technologique, la chambre ayant été imaginée au départ pour contrôler l'acoustique des véhicules il y a tout juste 25 ans, date de la création du bureau d'études.
"Vous pouvez crier, de l'autre côté
on ne vous entendra pas"
Dès que j'entre à l'intérieur de la chambre, les sons sont étouffés, il n'y a plus de place pour leur réverbération. Un claquement de mains ou bien un cri est tout de suite assourdi, plus rien ne résonne, si bien qu'au bout d'un certain temps le silence complet devient perturbant, jusqu'à ressentir une gêne dans les oreilles. Le fait de parler atténue légèrement ce sentiment. L'effet me rappelle celui d'un studio d'enregistrement recouvert de mousse, mais largement amplifié, et je ne suis pas sûr d'être capable de rester longtemps dans ce genre de pièce. Cette compression du son est due aux nombreux dièdres, ces parois de forme triangulaire qui tapissent les murs de la salle. Contrairement aux murs droits sur lesquels le son rebondit habituellement pour atteindre nos oreilles, ces dièdres absorbent les ondes acoustiques, de par leur forme particulière. Le son se "cogne" ainsi sur les parois jusqu'à disparaître dans le creux des dièdres. "Généralement quand on se couche le soir chez soi, le bruit de fond est aux alentours de 40dbA, ici nous sommes à 14dbA, explique Ludovic Barreau, représentant du CEVAA, vous pouvez crier, de l'autre côté on ne vous entendra pas, poursuit-il de manière ironique. Une chambre anéchoïque complète (avec le sol couvert de dièdres), c'est encore plus perturbant, on entend presque le sang couler en soi, on reste moins longtemps dedans." Si au départ l'automobile était l'activité principale du CEVAA, aujourd'hui le carnet de commandes est divisé entre l'aéronautique, le ferroviaire, les dispositifs médicaux, l'électroménager ou en encore les produits de luxe. Le bureau ne se cantonne pas à l'étude acoustique et à la chasse aux bruits parasites, il réalise également des essais de mesures physiques pour tester la résistance du produit. Avec des clients aussi variés que Renault, Stellantis, Arianne, Safran, Forvia ou encore Thales, le CEVAA travaillent sur 200 à 250 projets à l'année, "de la start-up jusqu'aux grands groupes".
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