Bastien Mathias me donne rendez-vous dans son atelier à Caen, près du quartier de la Folie Couvre-Chef. L'endroit regroupe plusieurs activités : les studios de l'artiste graphiste Paiheme, une imprimerie, une société de merchandising, et au sous-sol, l'atelier de tufting — "une technique de couture, mais avec de la laine," que Bastien Mathias compare à "du canevas". Et c'est sans mentionner l'outil de cette technique, un pistolet qui fait pénétrer la laine dans la toile. L'ambiance de l'atelier est imprégnée de références à l'univers japonais, avec des mangas sur les étagères, des néons, et des clins d'œil à des personnages de jeux vidéo.
Patience et précision
Bastien Mathias a découvert le tufting sur le réseau social Reddit durant le confinement. Cela fait maintenant quatre ans qu'il pratique cet art à plein temps. Devant une grande toile tendue, pistolet de tufting en main, je m'essaie à la technique. Bastien m'explique comment tenir la machine : "Une main sur la poignée, l'autre sur la gâchette." Si je n'étais pas entourée de tapis colorés, j'aurais pu douter de cette étrange pratique. En appuyant sur la gâchette, de mini-ciseaux coupent et fixent la laine dans le tissu. Bien que cela paraisse simple, maintenir la bonne pression et l'angle idéal exige de la concentration. Il faut aussi contrôler la profondeur du pistolet pour que la laine reste bien en place dans la toile. Après quelques essais, je commence à stabiliser mes gestes, mais la précision reste un défi. Patient, Bastien Mathias m'accompagne dans mes premiers mouvements, expliquant qu'il utilise trois fils de laine en même temps pour donner plus de densité à ses œuvres.
Encore peu répandue en France, cette technique met du temps à s'implanter : "Quand j'ai commencé, nous n'étions qu'une quinzaine en France." Aujourd'hui, ils ne sont que deux à Caen à s'être professionnalisés. Les motifs des tapis de Bastien Mathias sont souvent dessinés par l'artiste Paiheme, avec qui il partage les studios. Les dessins sont projetés sur la toile à l'aide d'un vidéoprojecteur, permettant à l'artiste de suivre les contours avec précision. "Pour un tapis, je vais y passer 10-15 heures à peu près. 40% pour le tufting et le reste pour les finitions, que je fais à la main." Bastien Mathias m'a proposé de remplir un des motifs en cours, mais j'ai préféré éviter de risquer de compromettre ses heures de travail minutieuses… Ses créations, d'une taille imposante (souvent 1,60m sur 1,50m), sont vendues autour de 150 euros à des particuliers. Les œuvres, bien que conçues comme des tapis, sont souvent accrochées en décoration murale par les clients.
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