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Rouen. "C'est un cocon" : la Maison des femmes accompagne les victimes de violences

Violence. Créée en 2022 et adossée à l'hôpital des Feugrais d'Elbeuf, la Maison des femmes ne cesse de voir nombre de patientes affluer. Elle propose un accompagnement complet pour les victimes de violences conjugales, mais aussi à toutes les victimes de violences intrafamiliales, sexistes ou sexuelles.

Rouen. "C'est un cocon" : la Maison des femmes accompagne les victimes de violences
Une équipe pluridisciplinaire propose un accompagnement complet aux victimes de violences.

Le 25 novembre est la journée internationale contre l'élimination des violences faites aux femmes. Rattachée à l'hôpital des Feugrais à Elbeuf, la première Maison des femmes de Normandie a vu le jour en 2022 pour un accompagnement complet des victimes. Claire* bénéficie de cet accompagnement depuis plus de trois ans désormais et sort doucement la tête de l'eau. Pendant plus de 10 ans, elle a vécu le pire avec son compagnon et leurs deux enfants. "J'ai été victime de violences dans tous les sens du terme, physiques, psychologiques et sexuelles", indique-t-elle. L'auteur, un homme qu'elle décrit comme "jovial", l'a charmée quand elle approchait la trentaine… Mais aujourd'hui, Claire réalise : "Dès le début, il y a des choses que je n'aurais pas dû accepter", quand elle se rend compte de ses mensonges et de son infidélité. Et puis, les violences ont commencé, "parfois sous l'emprise de l'alcool, parfois non et ce n'était pas tous les jours". Des excès de colère lui ont valu un KO dans une voiture, d'être rouée de coups, ou d'être projetée dans le mur depuis le lit conjugal… Mais aussi d'être violée à plusieurs reprises. "J'ai été couverte de bleus, je l'ai caché par honte", indique-t-elle aujourd'hui, victime du contrôle qu'exerçait son ancien compagnon sur elle. Car elle l'affirme, même si "c'est peut-être difficile à entendre. On s'habitue aux violences physiques… Les violences psychologiques, on ne s'y habitue jamais." Chaque jour, les insultes, les remarques, les reproches pleuvent jusqu'à ce que Claire perde confiance en elle, s'isole, s'enferme dans une bulle. "Il m'a détruite. je ne peux plus faire confiance à un homme aujourd'hui", dit-elle.

"Mes enfants m'ont dit : 'Quand est-ce que tu vas te décider à ce qu'on parte ?'"

Une amie finit par se rendre compte de la situation et lui parle d'Emhavi, le dispositif d'accueil des victimes de violences qui existait juste avant la création officielle de la Maison des femmes. "Je n'osais pas y aller, j'avais peur", confie Claire qui saute finalement le pas. "Elles ont fait un travail extraordinaire. Je me suis sentie en sécurité." Elle voit, dans la même structure, d'abord la psychologue qui met en place un suivi, rencontre la médecin légiste pour faire constater ses blessures, puis l'assistante sociale qui la conseille dans les démarches qui l'attendent. "L'intérêt, c'est que c'est un guichet unique. On sait qu'on va bien orienter les patientes", explique le docteur Sophie Thureau, médecin légiste de la Maison des femmes. "Avant, il fallait aller à l'hôpital, puis à la police, puis à la Caf, puis voir l'assistante sociale, puis le suivi psychologique, pour des victimes qui sont débordées sur le plan psychique et n'ont pas le temps ou l'énergie de le faire", abonde Agathe Guitard, psychologue clinicienne de l'établissement. "C'est aussi une visibilité pour les victimes comme les professionnels", conclut Sylvie Poupon, assistante sociale. Cet ensemble et cette approche donnent du sens à l'accompagnement des victimes. Six mois après sa première visite, Claire fait sa valise, part avec ses enfants et dépose plainte auprès de la gendarmerie. "Le déclic, ce sont mes enfants qui m'ont dit : 'Quand est-ce que tu vas te décider à ce qu'on parte ?'Désormais, Claire veut prendre la parole. Pour aider les autres femmes victimes. Elle poursuit sa longue reconstruction, avec un optimisme déconcertant. "J'essaye d'être hyper positive ! Il faut aller de l'avant."

*Le prénom de la victime a été modifié.

Des nouveaux locaux attendus pour la Maison des femmes

Saint-Aubin-lès-Elbeuf. Des nouveaux locaux attendus pour la Maison des femmes
La Maison des femmes a accueilli 863 victimes en 2023. Un chiffre déjà dépassé en 2024. - Illustration

La Maison des femmes a vu le jour en 2022, à proximité directe des urgences de l'hôpital des Feugrais à Saint-Aubin-lès-Elbeuf. Elle doit emménager dans de nouveaux locaux plus spacieux d'ici la fin de l'année 2026.

La Maison des femmes a vu le jour en 2022, à proximité directe des urgences de l'hôpital des Feugrais à Saint-Aubin-lès-Elbeuf, sur le modèle de la Maison des femmes créée en 2016 à Saint-Denis. En 2023, 863 victimes de violences intrafamiliales, sexistes ou sexuelles (en grande majorité des femmes, mais aussi des hommes et des enfants) ont été reçues et suivies gratuitement à la Maison des femmes. Au mois de novembre 2024, le cap des 1 000 patients a déjà été dépassé.

"Nous avons le projet de nous installer dans de nouveaux locaux plus spacieux, toujours à proximité directe de l'hôpital", indique Camille Rousée, coordinatrice de la Maison des femmes. Sur 300m2, ces locaux vont permettre d'ici fin 2026 de faire face à l'afflux de victimes et d'associer d'autres professionnels, comme des gynécologues ou sages-femmes. L'Etat via l'Agence régionale de santé et les collectivités financent la Maison des femmes qui cherche aussi des mécènes pour développer son action.

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