Depuis trois ans, une réforme importante a entraîné des évolutions dans les Etablissements et services d'aide par le travail (ESAT), qui accueillent des personnes en situation de handicap, avec l'objectif de faciliter leur accès au monde de l'entreprise.
Un tremplin vers le milieu ordinaire
Des dispositifs comme les contrats partagés (mi-temps en ESAT, mi-temps en entreprise) ou les mises à disposition (temps plein en entreprise) offrent la possibilité d'une première expérience dans une entreprise classique, tout en maintenant l'accompagnement de l'ESAT. Dans l'établissement de Saint-André-sur-Orne, "nous développons pas mal d'activités, qui sont des marches intermédiaires vers la vie en entreprise", précise Patrick Maincent, président de l'Association de parents d'enfants inadaptés (APEI) de Caen en charge de l'établissement. Jean-Louis Lauze, salarié de l'ESAT de Saint-André depuis 2005, en est l'illustration parfaite. Selon lui, son parcours est "tout à fait ordinaire". Après une formation en Institut médico-éducatif (IME) accueillant les jeunes en situation de handicap, Jean-Louis Lauze a travaillé dans divers ateliers de l'établissement, de la menuiserie au conditionnement. "On m'a déjà proposé de quitter l'ESAT pour rejoindre une entreprise, mais cela ne m'intéresse pas. Je préfère rester ici et faire quelques missions ponctuelles." L'essentiel, c'est finalement d'avoir le choix.
Des entreprises pas tout à fait prêtes
Laurence Gentil, directrice commerciale d'une agence Cap Inter, veille à ce que ses offres d'emploi soient accessibles aux personnes en situation de handicap : "Tout le monde a droit à l'emploi." Son agence, qui défend les valeurs d'inclusion, "analyse les entreprises et les postes adaptés, prépare les candidats aux entretiens et s'assure de leur bonne intégration".
Pierre Moutier, moniteur d'ateliers depuis 2019, assiste parfois à la complexité de l'inclusion : "L'ESAT est plus un tremplin qu'une fin en soi, mais pour certains travailleurs, le monde de l'entreprise ordinaire reste inaccessible." Certaines sociétés hésitent à embaucher des travailleurs en situation de handicap, par simple méconnaissance du secteur ou en raison des adaptations nécessaires, car "l'accompagnement représente aussi un coût", ajoute Pierre Moutier. "Ces freins sont réels et rendent le chemin de l'inclusion incertain pour certains travailleurs, malgré leur motivation."
Patrick Maincent explique que pour de nombreuses personnes en situation de handicap mental, psychique ou intellectuel, "accéder à un emploi leur permet d'acquérir une autonomie économique et sociale, mais aussi de s'épanouir grâce aux interactions avec les autres". Pourtant, cela reste un véritable défi. "Il y a deux fois plus de personnes handicapées au chômage que de personnes valides." A mi-chemin entre l'ESAT et le milieu ordinaire, il existe les entreprises adaptées. Stephanie Creuzot est chef d'atelier dans l'entreprise adaptée Guynemer, "on adapte le travail dans les postes et dans la prise en charge. Nous sommes aussi là en soutien sur beaucoup de choses au niveau social : on peut guider les salariés dans les démarches administratives, l'utilisation d'internet". Au-delà des outils et des dispositifs, c'est aussi un véritable changement de regard sur l'inclusion qui reste à encourager pour que chacun puisse trouver sa place et s'épanouir dans le monde du travail.
ESAT de Saint-André : des ateliers professionnalisants
A la suite de réformes des Etablissements et services d'aide par le travail (ESAT), celui de Saint-André a fait évoluer ses activités, vers des ateliers plus professionnalisants et valorisants pour les personnes en situation de handicap.
Depuis 2021, les Etablissements et services d'aide par le travail (ESAT) évoluent pour offrir des activités plus professionnalisantes aux personnes en situation de handicap. Ces changements sont essentiels pour permettre l'autonomie financière des établissements. Anne-Sophie Lambert, chargée de mission à l'ESAT de Saint-André, explique que "le dilemme de l'ESAT, c'est qu'il faut donner une place à chaque personne en situation de handicap, mais il faut aussi maintenir un équilibre économique. Et les activités spécialisées le permettent". Depuis un an, l'établissement privilégie donc les activités en blanchisserie et traiteur, davantage valorisées que le conditionnement. Une nouveauté marquante est l'atelier FALC (Facile à lire et à comprendre) : les salariés en situation de handicap simplifient divers documents pour les rendre plus accessibles. Jean-Louis Lauze a intégré l'atelier dès son ouverture : "Sur le plan intellectuel, c'est assez intense, mais on en apprend tous les jours, donc ça fait plaisir."
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