Il fait nuit noire lorsque j'arrive à la ferme familiale, à Creully-sur-Seulles, au nord-ouest de Caen. Il est 6h30 et les vaches ne font pas la grasse matinée, alors au travail ! Et il y a du pain sur la planche lorsqu'on est agriculteur. Pétronille Sartorio, 28 ans, aide sa maman quelques jours par semaine. "Nous faisons de la polyculture élevage : nous combinons l'élevage des vaches, la production de lait et le travail en plaine avec la culture de céréales."
"Pour commencer, il faut aller chercher les vaches dans les champs, il y en a une quarantaine." Une fois remontées, elles passent par petits groupes et la traite commence ! Je suis vêtue de vieilles affaires et de bottes, le tout surmonté d'un large tablier. Il ne faut pas avoir peur de se salir.
Un métier de passion
Première étape une fois que les vaches sont installées : je leur nettoie les pis à l'aide d'un chiffon. Ensuite, nous tirons les premiers jets, "pour vérifier que le lait n'a pas de problème" comme des impuretés, des grumeaux… J'ai même le droit d'en goûter : encore chaud et sucré, un délice !
La traite traditionnelle, à la main, étant révolue depuis longtemps, elle est ici semi-automatisée. Pétronille me montre la méthode à suivre, puis c'est à mon tour. Je branche les griffes de la machine sur les pis des vaches et il n'y a plus qu'à attendre que le lait soit tiré. Quand l'animal n'en a plus à donner, la griffe se décroche automatiquement. Le lait récolté, quant à lui, arrive directement dans "le tank à lait", une immense citerne située dans un local jouxtant la salle. "Nous le vendons après à une laiterie, à quarante centimes le litre."
A la question "peut-on faire ce travail sans être passionné ?", la réponse de Pétronille est claire : "Non !" La récente colère agricole a mis ce secteur en lumière : "Nous ressentons tous la négligence de la part des autres acteurs de la filière alimentaire vis-à-vis des agriculteurs." Pour elle, ces derniers demandent à être justement rémunérés et avoir assez pour vivre : "Il faut constamment se battre et négocier. C'est de l'énergie qui devrait être dépensée pour le travail sur la ferme."
Effectivement, le travail ne manque pas à la ferme. Après la traite, il faut nourrir les bêtes. Je saute dans un tracteur à côté de Pétronille pour récupérer les graines, puis nous passons une heure à les distribuer. "C'est beaucoup de travail, 7j/7, mais c'est passionnant. C'est génial de se dire que nous sommes le premier maillon de la chaîne alimentaire." Il est maintenant 8h30, je remonte dans ma voiture, heureuse de pouvoir m'asseoir et de me poser. Pourtant, la journée ne fait que commencer…
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