Anne-Sophie et Grégory Jullien ont mis en place un petit rituel. Lorsqu'un enfant qu'ils accompagnent s'apprête à "prendre son envol", ils lui partagent un exemplaire de la télécommande du portail de la maison. "Ils partent avec la possibilité de revenir quand ils le souhaitent et quand ils en ont besoin", explique Anne-Sophie. Ce sera bientôt le cas de la plus âgée des six filles dont ils ont la charge, qui approche la majorité mais qui doit d'abord terminer ses études de coiffure et monter un dossier d'obtention d'un logement social.
Le couple en parle avec beaucoup de fierté. Il y a encore cinq ans, les Jullien avaient une situation bien différente et travaillaient ensemble à La Poste. Anne-Sophie a été la première à franchir le pas et Grégory l'a suivi, un peu moins de deux ans auparavant. "C'est le fruit d'une quête de sens. Là, on ne travaille pas avec des machines mais avec des êtres humains, 7 jours sur 7, 24h/24. C'est une activité plus qu'un métier", avance ce dernier. "C'est un choix de vie", complète sa femme.
"Réfléchir au projet d'accueil que l'on veut proposer"
Leur décision a mis du temps à mûrir, et a été prise à l'issue d'une quinzaine d'années de discussions à deux. "C'est important de réfléchir au projet d'accueil que l'on veut proposer : quels enfants ? Dans quelles conditions ? Quelles propositions leur faire ? Quel impact sur notre dynamique familiale ?" prévient Anne-Sophie Jullien. Dans la Manche, 414 assistants familiaux s'occupent des 943 enfants confiés au service de l'Aide sociale à l'enfance (ASE).
Pour pallier plusieurs départs à la retraite, le Département a lancé une campagne de recrutement, visant à signer 50 embauches par an. "A cette date, pour l'année 2024, nous en avons déjà recruté 37. Nous avons apporté davantage de reconnaissance à nos assistants familiaux, en augmentant le coût journalier lorsque l'enfant est accueilli le week-end et les jours fériés et en tenant compte de l'ancienneté", expose Nicole Godard, vice-présidente en charge de l'action sociale.
"On s'attache aux enfants, nécessairement"
Chaque professionnel peut obtenir un agrément d'un (pour 1 400 euros net par mois) à trois enfants (pour 2 800 euros net par mois). Des indemnités d'entretien visant à couvrir le coût de la vie quotidienne et des loisirs sont également versées. Chez les Jullien, Anne-Sophie et Grégory en conviennent : l'argent ne peut être l'unique motivation.
Car le curseur n'est pas forcément facile à placer. "On s'attache aux enfants, nécessairement. Vous ne pouvez pas vivre avec eux 24h/24 sans créer un lien avec eux, confie Anne-Sophie, qui pointe une forme d'ambivalence. Mais le retour en famille, quand il est préparé, prévu et voulu par tout le monde, ce n'est que du bonheur." Grégory Jullien confirme : "Notre rôle principal, c'est de protéger les enfants que l'on nous confie. On n'a pas l'autorité parentale."
Ce qui n'empêche pas le couple d'intégrer les six filles à leur charge aux grandes fêtes familiales, comme un mariage cet été. Sans la moindre hésitation. Dans les prochaines semaines, ils iront tous ensemble à Disneyland Paris.
Pratique. Pour devenir assistant familial, renseignements sur le site internet du Département, ou contacter le service dédié par téléphone au 02 33 05 55 50. Le couple Jullien conseille de se rendre au centre médico-social le plus proche.
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