Il sort peu de son atelier, installé à Longny-au-Perche depuis une trentaine d'années. Exceptionnellement, Philippe Giraud a quitté l'Orne à plusieurs reprises entre mai 2023 et l'été 2024 pour se rendre sur Paris et travailler sur la cathédrale Notre-Dame. "Quand il y a des chantiers qui présentent un intérêt particulier, je me déplace sur site, concède le tailleur de pierre de 57 ans. L'intérêt ici, c'est qu'on est sur une statuaire et une ornementation beaucoup plus riche et beaucoup plus fine que ce que je trouve dans les manoirs du Perche."
Galerie des chimères, transept sud…
Le quinquagénaire a été appelé, à raison d'une dizaine de fois, en renfort sur ce gigantesque chantier, sur des missions qui pouvaient durer deux jours comme une semaine. C'est grâce à un chantier sur le Panthéon, il y a quelques années, et les contacts qu'il s'y est créé, qu'il a eu cette opportunité en sous-traitance. "Les délais étaient très courts, et à certains moments, il fallait que l'on boucle une tranche de sculpture pour que les maçons et les charpentiers puissent travailler. C'est dans ces moments-là que j'intervenais principalement", explique ce passionné de la cathédrale. Il a notamment réalisé l'ornementation sous la galerie des chimères. Ces énormes frises végétales, d'une alternance de trèfles et de crochets, qui soulignent la statuaire qui est au-dessus, sont en partie les siennes. "Mes premiers travaux sur Notre-Dame, c'était sur les frises sculptées sur le pignon nord vers lequel la flèche est tombée, et aussi sur les pinacles de part et d'autre du fronton du transept sud qu'on voit très bien depuis la Seine", détaille-t-il. En réalité, c'est un monument sur lequel il avait déjà travaillé à distance. Plus jeune, il a sculpté des copies à échelle réduite de plusieurs statues de la cathédrale. "Je suis très attaché à ce monument, donc pour ça j'étais heureux de pouvoir travailler à Notre-Dame de Paris", sourit-il.
Des conditions de travail spéciales
Sur place, la mécanique est simple : soit le tailleur de pierre travaille sur l'échafaudage, soit dans la "loge des sculpteurs", une grande tente installée sur le parvis de la cathédrale. "L'intérêt c'était qu'on pouvait aller voir la statuaire, s'en inspirer, reprendre des mesures si besoin et retourner tailler dans la loge", explique Philippe Giraud. Sur l'échafaudage, le sculptage se fait directement dans le bloc de pierre posé. "Il y a des raccords à faire. Il faut s'inspirer des pierres voisines pour voir comment on peut harmoniser la pierre neuve, l'idée étant qu'on ne différencie pas ce qui est neuf de ce qui est ancien", éclaircit-il.
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