L'exercice, de but en blanc, n'est pas aisé. Mais John Sulo est tellement fier et amoureux du Havre, que, lorsqu'on lui demande sa meilleure blague sur la cité océane, l'humoriste de 38 ans sèche. "En fait, moi je suis très très très gentil avec ma ville ! Je suis très chauvin et je crois que je n'ai jamais vanné Le Havre. Je suis un gars qui la sublime. D'où la création d'Havre de rire."
"Montrer que Le Havre, c'est cool"
John Sulo a en effet lancé, en avril dernier, un rendez-vous mensuel dédié au stand-up dans la cité océane. Il y invite les grands noms de l'humour parisien. "J'ai eu envie de faire venir mes copains et de leur faire découvrir la beauté de notre ville. Parce que souvent les gens disent que Le Havre, c'est moche, qu'il pleut tout le temps et qu'il n'y a que les galets. Eh bien moi, j'ai décidé de montrer que Le Havre, c'est cool ! Et tout le monde est content de venir ici !"
De son enfance au Mont-Gaillard, John Sulo ne garde "que des bons souvenirs". Dont des parties de foot mémorables avec ses potes. "C'est une de nos plus grandes victoires : je devais avoir environ 13 ans, on allait aux réunions de quartier pour réclamer un city-stade. Et deux ans plus tard, on l'a eu !"
Rapidement, le jeune homme a des envies d'ailleurs : "Vers l'âge de 17 ans, mon père a acheté un ordinateur. J'ai pété un câble quand j'ai découvert Google Earth : je voyageais via Internet." Grâce aux compétences qu'il développe en informatique, John Sulo est recruté par le label havrais Din Records de Médine. "J'ai passé 6 ans à leurs côtés. Ils m'appelaient 'DRC', comme 'Dr Computer'. Et pour me récompenser, ils m'ont emmené en tournée. Et là, j'ai découvert le monde. Ensuite, j'ai multiplié les voyages en sac à dos. Sur les réseaux sociaux, je racontais mes excursions avec humour. J'ai ainsi écrit mes premières vannes."
Il faut dire que John Sulo a attrapé le virus du théâtre dès l'adolescence, grâce au Havrais Ismaël Habia. Mais il ne concrétise cette passion que bien plus tardivement. "Je savais ce que je voulais faire, mais je ne savais pas à quelle porte toquer." Heureusement, une nouvelle rencontre change la donne au début des années 2010. Via les réseaux, il se lie d'amitié avec le Cantilien Sébastien-Abdelhamid. "On a plein de points communs, à commencer par notre région d'origine, la Normandie. Il m'invite à le rejoindre sur Canal+."
John Sulo impressionne par son aisance à l'antenne. Il s'installe à Paris en 2013 et ne cesse de prendre du galon. En 2019, il décroche sa propre émission de télé Solo avec Sulo sur Clique.tv, où il interviewe les stars de l'humour. Il passe de l'autre côté du miroir un an plus tard, avec un premier one-man-show, Champion. On le voit aussi au cinéma en 2021 dans le film Les Méchants de Mouloud Achour et il se retrouve l'année suivante face à Omar Sy dans Tirailleurs ! "Je me suis battu pour être au casting. C'était important pour moi, en tant que descendant de tirailleurs. J'ai été invité au Festival de Cannes et j'ai pu faire une projection avec la diaspora sénégalaise, ici au Havre."
John Sulo au Havre de rire. - babapix.lh
Bientôt un festival d'humour au Havre ?
John Sulo n'oublie jamais la cité océane. En parallèle de la préparation de son nouveau seul-en-scène, Sulo en spectacle (en rodage à partir de décembre), il cherche à transformer son rendez-vous mensuel Havre de rire en un festival annuel de 10 jours dans différents sites de la ville.
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Ismaël Habia a fait découvrir le théâtre et l'humour à John Sulo
John Sulo a découvert l'humour grâce à Ismaël Habia, lors d'un stage estival à Mont-Gaillard.
"Ah ! Ismaël Habia !" s'exclame John Sulo, avec tendresse, à l'évocation du nom du comédien. "Je l'appelle le 'semeur de graine'. Quand j'étais ado, il a animé un atelier pour les jeunes du quartier Mont-Gaillard. Il nous a appris le théâtre. On a fait des pièces, des parodies de films. On a passé un été exceptionnel !"
Avec lui, John Sulo découvre aussi l'humour. "Ismaël nous a enseigné les blagues. On se moquait de nous-mêmes, de nos parents, on se déguisait. Ça m'est resté en tête et ça m'a beaucoup aidé ensuite pour l'écriture de mes sketchs."
Pour autant, cette première expérience ne déclenche pas immédiatement chez John Sulo une vocation. "Je ne savais même pas que c'était un métier ! Je vais mettre du temps à me lancer, vers mes 27 ans. Mais quand je repense à ce cours avec Ismaël, je peux dire que c'est à ce moment-là que j'ai décidé, que c'était exactement ça que je voulais faire !"
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