Quel est l'objectif ?
"Faire mieux que la dernière fois ! Cela ne laisse pas beaucoup d'options… Nous préparons ce Vendée Globe depuis trois ans, avec un nouveau bateau, l'Imoca MACIF Santé Prévoyance, à bord duquel rien n'a été laissé au hasard. Mais le Vendée Globe est une course longue, beaucoup d'aléas hors de notre contrôle peuvent survenir. Même si l'équipe a tout donné, il faut rester humble devant l'épreuve."
Entre vitesse et confort du marin,
quel est le plus important ?
"Je n'appellerais pas ça du confort ! Plutôt de l'ergonomie. Bien sûr, on a beaucoup travaillé sur les performances du bateau, mais on a aussi énormément progressé sur ce plan, pour que la vie au long cours soit meilleure. Les volumes intérieurs sont compacts pour limiter les déplacements et les risques de chute. Chaque détail compte. La moindre calorie économisée, la moindre seconde peuvent faire la différence. Le siège de table à carte est en carbone, sur mesure, avec le réchaud et l'ordinateur à portée de main. La bannette est à 1m et, allongé, je peux voir l'écran d'ordinateur. On a aussi fait en sorte de mieux réguler la température du bateau, car du côté de l'Equateur il peut faire très chaud, alors que dans les mers du sud, il peut faire très froid."
Vous avez aussi travaillé sur la lumière…
"J'ai un système de LED où je peux choisir une lumière chaude, orangée, pour me préparer au sommeil, ou au contraire une lumière froide et bleutée pour stimuler les récepteurs des yeux et le cerveau pour retrouver un état d'éveil plus rapidement. Cet éclairage a été conçu par la société Lucibel et testé notamment par le XV de France et l'Armée. Les études ont montré qu'ils arrivaient à avoir les mêmes effets qu'un café, sans les états secondaires…"
Charlie Dalin bénéficie d'un système LED testé avant lui par l'Armée et le XV de France, pour favoriser l'endormissement et le réveil, selon les heures de la journée. - Guillaume Gatefait
On évoque souvent le terrible Pot-au-Noir, mais ce n'est pas la seule difficulté sur le Vendée Globe…
"Tout peut être complexe ! En 2016, ceux qui ont bien réussi à négocier une dorsale anticyclonique entre les Canaries et les Açores n'ont jamais pu être rattrapés. On ne sait jamais quel sera le passage clé. En 2020, il n'y en a pas eu. On peut citer évidemment le Pot-au-Noir (zone réputée pour ses vents instables), l'anticyclone de Sainte-Hélène, les tempêtes de l'océan Indien, les grosses tempêtes en approche du Cap Horn, l'Atlantique sud en remontant… Il y a plein de passages compliqués et on ne sait pas quel sera le point déterminant, s'il y en a, avant de vivre la course."
Malgré les performances du bateau, il faudra faire des choix…
"Le Vendée Globe est une course qui se gagne sur la durée. Il faut trouver le bon équilibre entre aller vite et préserver le bateau. Il y aura forcément de la casse, mais il faut espérer que les éventuels problèmes soient réparables ou n'impactent pas trop le bateau. Plus on va vite, plus il y a une prise de risque. Il s'agit de trouver le bon rythme, surtout face à la flotte de concurrents. On va tous partir en surrégime pour être dans le bon paquet dès le début."
Le skipper a travaillé avec Bultex pour concevoir un matelas le plus ergonomique possible. A droite, sa petite poule offerte par sa compagne sera à nouveau du voyage. - Guillaume Gatefait
Que vous tarde-t-il de retrouver ?
"J'ai hâte de refranchir l'Equateur, de revivre les neuf saisons en deux mois et demi, j'espère que j'aurais la chance de mieux voir le Cap Horn cette fois-ci, j'ai hâte de vivre au long cours sur ce bateau, qui est fruit de l'expérience du premier tour du monde, plus adapté au parcours et à sa durée… Je rêverais, comme ils ont eu en 2016, d'un Atlantique sud ultra-rapide… Forcément, j'y vais pour la compétition, pour me mesurer aux autres, mais le voyage m'attire aussi."
Comment appréhendez-vous le départ, en public ?
"C'est très différent de 2020 où nous avions été confinés une semaine avant le départ, conditionné à un test Covid négatif. Au départ et à l'arrivée, il n'y avait pas de public sur le chenal des Sables-d'Olonne. Je sais que c'est généralement un sas chargé en émotion, ce sera très différent cette fois. Je suis le premier à quitter le ponton (vers 8 heures), je serai le premier au large, dans ma bulle, avant le départ officiel."
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L'Everest des mers, 45 000km à parcourir
La course au large est la plus exigeante des épreuves nautiques.
Quarante marins seront au départ du Vendée Globe, dimanche 10 novembre, aux Sables-d'Olonne (Vendée). A bord de leurs monocoques de la classe Imoca, ils s'élanceront à 13h02 précises pour un tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance, sur un parcours de 45 000km. Record à battre : 74 jours 3 heures 35 minutes et 46 secondes, établi par le Breton Armel Le Cléac'h en 2016. Selon Charlie Dalin, un nouveau record à 70 jours est atteignable, mais le Havrais se veut prudent : "sur le papier, des bateaux sont capables de battre le record mais la variable c'est la météo. L'avenir nous le dira…"
En 2021, premier sur la ligne mais…
Lors de la dernière édition, bouclée en 2021, Charlie Dalin avait été le premier à franchir la ligne d'arrivée, après un peu plus de 80 jours de course. C'est cependant Yannick Bestaven, arrivé quelques heures plus tard, qui avait été déclaré vainqueur, bénéficiant d'un bonus de temps pour s'être dérouté afin de porter secours à Kevin Escoffier, naufragé. Le Normand, bizuth de l'épreuve à l'époque, avait dû se contenter de la deuxième place.
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