Le safran, cette épice surnommée "or rouge", est cultivé depuis des millénaires. Originaire de Crète et des provinces grecques, il a traversé le temps et les continents, tout en conservant sa rareté. Dérivé du Crocus sativus, sa culture demande une attention méticuleuse : les trois stigmates rouges, à peine visibles à l'œil nu, doivent être prélevés délicatement puis déshydratés. Ce travail minutieux explique sa valeur, parfois plus chère que l'or au gramme. Le safran est prisé pour sa saveur légèrement amère, ses propriétés colorantes, et ses vertus médicinales.
Les trois stigmates rouges, déshydratés, sont ce qui constitue le safran. - Domaine de Gauville
Mais jamais n'aurait-on cru que ce trésor agricole, dépendant d'un ensoleillement généreux, se cultiverait un jour dans les terres de Normandie…
Une safraneraie en plein cœur du Lieuvin
C'est là, au cœur du Pays Lieuvin, qu'une pionnière du safran a décidé de tenter l'impossible. Myriam Duteil, après une vie trépidante dans le domaine de l'audiovisuel parisien, a choisi de poser ses valises à Saint-Pierre-de-Salerne, dans l'Eure. Ce n'était pas pour cultiver des pommes, comme on pourrait le croire, mais bien pour se lancer dans la production de safran, un défi audacieux.
Dans sa ferme de 6 hectares, Myriam Duteil a vu les premières pousses de Crocus sativus fleurir en 2015. A la surprise de tous, la terre normande s'est révélée propice à cette culture délicate.
Le miracle normand : quand le safran pousse au nord
Bien que le climat normand ne soit pas réputé pour son soleil généreux, Myriam Duteil a su jouer sur des détails essentiels : la disposition de ses parcelles, l'orientation sud pour maximiser la lumière, et un sol soigneusement enrichi. Le safran, qui préfère les sols légers et bien drainés, s'est donc acclimaté au terroir normand, prouvant une fois encore la capacité d'adaptation de cette épice mythique.
La floraison, qui intervient en automne, est rapide et éphémère : quelques semaines seulement pour récolter des milliers de fleurs avant qu'elles ne fanent. Il faut près de 150 fleurs pour produire un gramme de safran, rendant la récolte aussi exigeante que précieuse.
Une agriculture biologique, durable et locale
La safraneraie du domaine de Gauville est aujourd'hui certifiée biologique, un gage de qualité qui s'ajoute à la noblesse de cette production artisanale. Myriam Duteil fait désormais partie du Collège culinaire de France, aux côtés des plus grands chefs, un honneur qui reflète l'excellence de son travail.
Son exploitation ne se limite pas au safran : pommiers, vergers anciens, petits fruits et même miel viennent enrichir l'activité de la ferme. C'est ainsi que la ferme de Gauville devient un exemple d'agriculture durable, ancrée dans le respect de la nature et des traditions locales.
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Un voyage gustatif en terre normande
Le safran normand, bien qu'inattendu, a conquis les papilles des chefs et gourmets. Sa finesse aromatique, son goût unique qui évoque à la fois l'Orient et la fraîcheur du terroir, lui confèrent une place d'honneur dans la cuisine locale.
Et pour les curieux qui souhaitent découvrir cette aventure hors du commun, la ferme de Gauville ouvre ses portes à l'année avec son offre de gîte. Le safran de Normandie n'est pas qu'un produit rare, c'est une histoire de passion, de courage, et d'audace – une preuve que même les terres les plus inattendues peuvent révéler des trésors.
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