Epron, un village modeste du Calvados, surnommé "le village de la radio", doit cette distinction singulière à un épisode marquant de son histoire, témoignage de l'histoire de France tout entière. Une renaissance inattendue, orchestrée par la Radiodiffusion française au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. En effet, c'est en novembre 1948, dans un contexte de dévastation, que cette petite commune voit son destin basculer grâce à un appel aux dons relayé par les ondes.
L'écho des cicatrices de la guerre
En été 1948, les voix familières de Jean Nohain et de Francis Bernard résonnent à travers les haut-parleurs des radios branchées sur la RDF, rapportant les aventures du Tour de France. Mais en traversant des régions où les cicatrices de la guerre sont encore saillantes, les deux animateurs réalisent l'état de la France rurale d'après-guerre, et la nécessité d'une action. Le Calvados, ravagé par le conflit, se distingue par le triste record de la destruction : sur près de 800 communes, seule une vingtaine a échappé aux bombardements. A la suite d'un appel lancé aux auditeurs, la radio désigne ce département comme le plus sinistré, et Epron est choisie comme la commune qui bénéficiera d'un parrainage.
L'appel à la solidarité
La loterie des villes en détresse ne s'arrête pas là. La Radiodiffusion française mobilise l'opinion publique autour d'une collecte de fonds. De vieux billets de cinq, dix et vingt francs sont demandés pour soutenir la reconstruction. Ce mouvement de solidarité éveille des échos au-delà des frontières. Des lettres d'encouragement, des dons matériels et des promesses de soutien affluent de toute la France, et même de l'étranger. Les habitants du village, alors réduits à une cinquantaine, voient surgir une lueur d'espoir.
La pierre angulaire de la renaissance
Le 5 juin 1949, les promesses se concrétisent. La première pierre de la nouvelle mairie est posée dans une ambiance festive, rassemblant donateurs et habitants. Jean Nohain, figure emblématique de cette renaissance, préside l'événement, et l'enthousiasme est palpable. Les projets prennent forme, et un an plus tard, la nouvelle mairie est inaugurée, décorée des drapeaux tricolores flottant au vent. Les constructions en béton respectent le tracé d'antan, redonnant vie à des ruelles qui avaient connu la désolation.
De l'orphelinat à l'école
Mais Epron ne se contente pas de sa nouvelle mairie. Le village aspire à devenir un symbole de la reconstruction, avec des projets éducatifs au cœur de ses préoccupations. L'absence d'école publique dans le village ne fait pas obstacle à l'initiative de Francis Bernard, qui lance un tour de France des dons, avec pour objectif d'offrir à Epron une école. Ce projet se concrétise en 1955, bien après que la radio ait fait vibrer les cœurs de milliers d'auditeurs pour soutenir cette noble cause.
Jean Facon-Marrec, peintre bien connu en 1949, offre en mai, dans les salons du club de la publicité de Paris, des aquarelles qu'il a exécutées à Epron. Ces œuvres seront vendues au profit de la reconstruction d'Epron. Ces œuvres sont appelées "Cartes-Briques".
Un héritage sonore
Si le village a prospéré, il n'a pas oublié son histoire. Epron s'enorgueillit d'être le "village de la radio". Ce titre, qu'il porte avec fierté, est un rappel constant des liens tissés entre la communauté et les ondes. Un square Jean Nohain, une place Francis Bernard et une rue de la RTF témoignent de cette filiation. Au fil des années, le village a vu sa population croître, et aujourd'hui, ses 2 000 habitants profitent d'un cadre de vie paisible, tout en restant attachés à l'héritage laissé par ceux qui ont contribué à leur résurrection.
Epron, village d'hier et de demain
Aujourd'hui, Epron n'est plus seulement le symbole d'un village reconstruit, mais aussi un lieu où la mémoire se mêle à l'avenir. Les projets d'aménagement prévoient même de doubler sa population, promettant de transformer encore une fois ce petit coin de Normandie. Et dans ce village où le passé résonne encore, les cloches sonnent toujours, rappelant à chacun que derrière chaque voix de la radio, il y a une histoire, celle d'un village sauvé par l'espoir et la solidarité. Epron, le village de la radio, n'est pas qu'un simple titre ; c'est un véritable état d'esprit.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.