Il est de notoriété publique que les brocanteurs ont un attrait pour le passé, mais qui a dit qu'ils ne se préoccupaient pas du présent, voire du futur ?
S'il s'agit "d'un des métiers les plus vieux du monde", comme l'illustre Franck Marie, cela n'empêche pas les vendeurs de se mettre au goût du jour pour séduire une clientèle qui rajeunit.
Une vitrine sur les réseaux
Créateur du magasin d'antiquités Moob Vintage, Franck Marie, ancien régisseur des expositions du Mémorial de Caen, n'ouvre son local que sur rendez-vous. Le reste du temps, il déniche des trésors, et les expose sur son compte Instagram : "50% de mon quotidien, c'est publier des photos des objets et raconter leur histoire", expose le brocanteur, qui juge "incontournable" la "visibilité apportée" par les réseaux sociaux. Pas vraiment de la génération connectée, c'est sur conseil de sa femme et de sa fille qu'il s'est intéressé à Instagram, sur lequel il comptabilise désormais 3 000 abonnés. A chaque retour de "chine" il publie, et reçoit dans la foulée plusieurs sollicitations, jusqu'à 20 par semaine, en fonction de l'intérêt éprouvé par les internautes pour ses objets.
Clément Lebreton, 29 ans, a lui aussi conscience qu'il faut "vivre avec son temps". Le gérant du Vintage Store, en plein centre de Caen, utilise ce même réseau social, tout comme des sites de vente entre particuliers. "Des gens me proposent des meubles ou objets via photos, je donne une estimation, et ensuite je me déplace", explique-t-il. Cependant, le spécialiste en mobilier scandinave tempère. "Il faut un lieu où l'on vous retrouve, une boutique physique." Franck Marie approuve. "Les gens ont besoin de toucher, soupeser, sentir…" Internet est un bel outil, mais ne remplace pas le contact humain.
Toutefois, les réseaux permettent de toucher une clientèle de plus en plus jeune. "C'est une évidence", s'exclame Franck Marie, qui affirme que la clientèle de retraités n'est "pas la plus omniprésente". Selon lui, ce changement est lié à une exposition sur les réseaux certes, mais aussi à un regain d'intérêt des Français pour la décoration d'intérieure depuis le confinement et la crise sanitaire. Et il faut alors dire que le vintage, "qui veut tout et rien dire", a la cote.
"Ce qui appartenait aux parents ou grands-parents plaît", assure Nicolas Goux, présent sur le marché de la place Saint-Sauveur.
Le futur s'annonce radieux
"Avant, quand un de leurs enfants emménageait, les parents l'emmenaient chez Ikea, Conforama ou But… Maintenant, ils préfèrent parfois attendre un peu et se payer un truc un peu mieux chez nous", juge Philippe Lemarchand, autre brocanteur installé à Saint-Contest. "Les jeunes aiment aussi faire eux-mêmes. Ils achètent un vieux meuble, le décapent, et le repeignent." Cet intérêt "nostalgique positif", que Franck Marie lie "à la conjoncture économique", laisse finalement entrevoir de belles perspectives.
Puisque la seconde main est à la mode, pour des questions environnementales évidentes, et qu'elle permet parfois de réaliser de belles affaires, le métier de brocanteurs a de l'avenir. "Grâce à cette autre manière de consommer, on passe au travers des crises", conclut Clément Lebreton. L'expansion d'Internet ne devrait pas stopper ce développement.
Chaque mois, un grand déballage a lieu sur la place Saint-Sauveur
Le deuxième samedi du mois, Caen Puces organise un déballage de professionnels sur la place Saint-Sauveur à Caen. Avis aux chineurs.
Une fois par mois, les amateurs de brocantes se dirigent tous vers la même destination : la place Saint-Sauveur à Caen. C'est ici que se déroule un grand déballage mensuel, avec une vingtaine de professionnels, prêts à vendre leurs dernières trouvailles. "Nous accueillons avec nous les libraires", renseigne Philippe Lemarchand, président de l'association Caen Puces, organisatrice de l'événement.
Après des débuts timides sur le port de Caen, où "la fréquentation était nulle", la brocante a eu l'opportunité de s'installer sur cette place bien identifiée du centre-ville. "Ça plaît vraiment, c'est devenu je pense un incontournable pour tous les amateurs, poursuit celui qui possède Le Cellier du Mesnil à Saint-Contest. C'est un endroit qui se prête très bien au déballage." Philippe Lemarchand n'a pas la volonté de trop augmenter le nombre d'exposants, il souhaite conserver cet esprit "de petite famille" tout en gardant des "prix attractifs". Le prochain rendez-vous est déjà fixé au samedi 9 novembre.
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