C'est une décision qui pourrait bien faire tache d'huile et marquer un coup d'arrêt à une volonté politique appuyée par la Métropole Rouen Normandie depuis 2018. La Ville de Grand-Quevilly, par la voix de son maire Nicolas Rouly, a décidé de mettre fin à l'extinction de son éclairage public la nuit, mis en place depuis 2022 sur l'ensemble de la Ville entre 00h30 et 4h30 du matin. "On a évalué la non-dépense à 200 000 euros par an qui ont permis de financer le déploiement des LED sur le territoire. Une partie a contribué aux économies que la Métropole devait faire", insiste Nicolas Rouly. Grand-Quevilly est équipée à 35% de LED qui coûtent cinq à sept fois moins cher qu'un éclairage classique. La Ville s'engage aussi à participer au financement de nouveaux investissements pour "passer à 40% dès début 2025". Mais rallumer permet aussi de répondre à une demande croissante de sécurité des habitants. "Notre réseau de vidéoprotection est désormais directement connecté au commissariat central : lumière, caméra et présence humaine devrait permettre d'avoir des résultats", estime le maire, qui concède tout de même que rien ne montre que l'extinction des lumières favorise la délinquance.
"On va rallumer"
Si la décision d'allumer ou d'éteindre l'éclairage revient bien au maire, la gestion des équipements et le budget de l'éclairage public relèvent de la compétence métropolitaine pour les 71 communes. C'est justement Nicolas Rouly qui est le vice-président en charge des finances. "Je n'ai pas de leçon à donner aux maires des autres communes, ils devront assumer leur choix", indique-t-il. Et c'est tout vu pour certains, notamment les élus communistes du groupe "La Métropole des communes" qui parlaient de rédiger un courrier commun sur la question. "On va rallumer. Ça pourrait être perçu comme une mesure inégalitaire par nos habitants", explique Stéphane Barré, maire d'Oissel, au nom du groupe. Dans sa ville, seuls certains lieux ont été éteints comme le parking de la gare, déjà rallumé depuis le 17 octobre. Quelques lotissements étaient aussi éteints depuis le mois dernier, mais Stéphane Barré entend les rallumer, devant un certain mécontentement des habitants. Ce devrait donc aussi être le cas à Saint-Etienne-du-Rouvray ou Notre-Dame-de-Bondeville. Sur la rive droite, la ville de Bihorel a aussi annoncé vouloir rallumer la lumière, "considérant que la sécurité des personnes et des biens doit primer provisoirement sur les aspects économiques et écologiques". Et ailleurs, notamment dans la ruralité ? Ce sera aux maires de choisir. A Caudebec-lès-Elbeuf, le maire Laurent Bonnaterre assure que l'extinction a porté ses fruits, même s'il déplore la décision unilatérale de Grand-Quevilly. Lui ne souhaite pas rallumer dans les quartiers éteints de sa ville, mais il l'assure : "Je ne souhaite pas non plus être le dernier des Mohicans, sinon mes contribuables vont se demander pourquoi ils n'ont pas le même service que dans d'autres communes", indique-t-il. De son côté, la Métropole appelle à "poursuivre l'effort d'extinction nocturne qui a été engagé", tout en concédant que "des circonstances locales peuvent justifier une action de rallumage", comme à Grand-Quevilly. Elle insiste dans ce cas pour que la décision "s'organise dans le temps avec une ambition de mix énergétique", c'est-à-dire avec des LED solaires ou modulables ou d'autres méthodes d'économie.
Grand-Quevilly rallume la lumière : qu'en pensent les habitants ?
Chapô
La Métropole en quête d'économies à faire
L'extinction de l'éclairage public a permis de faire des économies, qui sont remises en cause si jamais plusieurs communes venaient à revenir sur leur décision.
La Métropole Rouen Normandie (MRN) l'assure : 68 communes sur 71 ont mis en place une politique d'extinction de l'éclairage public sur son territoire depuis 2018. La MRN, qui a la compétence de l'éclairage public, a estimé l'économie réalisée à 2,5 millions d'euros par an environ. "Une économie bien inférieure aux surcoûts liés à la hausse des tarifs de l'électricité", indique la MRN dans une réponse écrite adressée à Tendance Ouest. Motivée par ces économies, cette politique a aussi été portée comme un moyen de protéger la biodiversité, en évitant de déranger la faune.
Aujourd'hui, alors que les tarifs de l'électricité sont à nouveau à la baisse, certains maires refont de l'éclairage public la nuit une priorité, le plus souvent pour des motifs liés à la sécurité, ou tout du moins, au sentiment d'insécurité de la population. Reste qu'avec les 5 milliards d'euros d'efforts demandés aux collectivités dans le budget de l'Etat, il faudra trouver de nouvelles économies à faire à la Métropole.
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