Sur une mer d'huile et par un temps ensoleillé, une quarantaine de bateaux de pêche se sont donné rendez-vous, jeudi 17 octobre, à l'archipel des Minquiers. Situé à l'ouest de Granville, au nord de Saint-Malo et au sud de Jersey, il appartient à Jersey, et donc au Royaume-Uni. Ces pêcheurs sont venus de Normandie, de Bretagne, mais aussi de Jersey. Ils souhaitent exprimer leurs craintes pour l'avenir de leur métier dans ce coin de la Manche.
Plus de dialogue local
L'une des revendications des pêcheurs est d'avoir plus de dialogue local, entre pêcheurs français et jersiais. "On a le niveau régional, national, européen puis après ça repasse côté Angleterre au niveau national et après au niveau local et après sur Jersey. C'est une boucle, alors que le début des débats se fait en direct. Il faut vraiment qu'on retravaille en direct avec Jersey. Les négociations côté français et anglais, on n'en a pas besoin", explique Julien Mouton, un bulotier concernant les négociations entre la France et Jersey, notamment pour l'attribution de licences de pêche dans les eaux jersiaises. Pour lui, c'est trop long. Andy Hibbs, un pêcheur jersiais abonde : "Pour moi, c'est mieux si tous les pêcheurs peuvent parler ensemble. Quand tu parles avec l'Etat de Jersey et le gouvernement français, c'est toujours difficile."
La Maitresse-Ile des Minquiers, et tout l'archipel, appartient à Jersey.
Des actes au niveau national
Les pêcheurs souhaitent aussi que les deux gouvernements posent des actes forts pour la pêche. Côté français, la profession continue de batailler pour avoir un Sivep, un service d'inspection vétérinaire et phytosanitaire aux frontières à Granville. Cela permettra la débarque de la pêche de navire jersiais. Côté Jersey, les pêcheurs français demandent plus de droits de pêche dans les eaux britanniques.
Une partie des pêcheurs ont débarqué sur l'île.
Moins d'administratif
La dernière grande demande de la profession, aussi bien en France qu'à Jersey, est d'avoir une diminution de l'administratif dans leurs métiers. "Il y a un gros ras-le-bol général de l'administratif, que ce soit du côté Jersey ou du côté français. Il y a énormément de contraintes qui arrivent dans le monde de la pêche", assure Julien Mouton. Il évoque par exemple le fait de pouvoir faire deux pêches (coquille Saint-Jacques et praire) dans une même marée. "Il faut que les systèmes administratifs français et européens entrent dans le cadre de l'usage et que les gens qui pondent ces dispositifs soient sur le terrain et comprennent les problématiques", critique-t-il.
Une autre partie est restée en mer.
Craintes pour l'avenir
La liste des craintes est longue : la concurrence avec l'éolien en mer qui fait fermer des territoires de pêche, les aires marines protégées, le Brexit… "Devenir pêcheur, ça va devenir très compliqué. Dans l'état actuel des choses, lancer des jeunes ça paraît compliqué. Je ne vois pas l'intérêt, on les envoie dans le mur. Je ne suis pas pour la promotion du métier à l'heure actuelle, pas dans ces conditions", ressent-il. Pour lui, la pêche artisanale française ne peut pas non plus se projeter pour dans les prochaines années, et elle est en danger d'être supprimée.
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