On lui doit la restauration des dorures du Gros-Horloge, des éléments de la cathédrale de Rouen et du Louvre ou encore des façades de l'abbatiale Saint-Ouen. L'atelier Giordani, à Sotteville-lès-Rouen, grossit d'année en année. Si Serge Giordani, le fondateur, a commencé tout seul dans les années 2000, l'entreprise, reprise par sa fille Camille Giordani, emploie aujourd'hui une vingtaine de salariés, soit le double de son effectif d'il y a quatre ans. Seul disponible le jour de ma venue, Gwendal Giordani-Morel, directeur adjoint, m'a ouvert les portes de l'atelier, véritable caverne d'Ali Baba où se côtoient statues monumentales, ornements, mobiliers d'église et de nombreux objets du patrimoine, abîmés par le temps.
L'atelier Giordani a presque doublé son effectif en quatre ans et gère aujourd'hui une cinquantaine de chantiers par an.
Une explosion des demandes
de chantiers
Ici, on touche avec les yeux. Pas question pour moi de manipuler les œuvres, il faut être très fin et précautionneux. La spécialité de la maison : les dorures et l'ébénisterie, des disciplines qui nécessitent des années de savoir-faire. Tout le personnel est d'ailleurs formé sur place avec des profils variés, en provenance de l'artisanat ou du monde des restaurateurs-conservateurs. "On doit réaliser 200 devis et une quinzaine d'appels d'offres par an, soit une cinquantaine de chantiers", explique Gwendal Giordani-Morel. L'entreprise a pris de l'ampleur depuis la fin de la pandémie, notamment grâce au plan France Relance, avec beaucoup d'argent investi par l'Etat dans le patrimoine, après l'incendie de la cathédrale Notre-Dame. "Il y a beaucoup de chantiers qui sont sortis pendant quatre ans et ça nous a poussés à recruter dans l'urgence. Là, les robinets se coupent un peu, on essaye de lisser plus les embauches." L'atelier travaille avec quelques propriétaires privés pour environ 5% de son chiffre d'affaires, mais le gros de ses commandes se fait via le prisme des marchés publics.
L'atelier Giordani a presque doublé son effectif en quatre ans et gère aujourd'hui une cinquantaine de chantiers par an.
Au-delà du cahier des charges imposé par les collectivités, les employés sont encadrés par les conservateurs de la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) qui "viennent vérifier, sur place ou en atelier, jusqu'où on va dans la restauration, précise Gwendal Morel-Giordani, sachant qu'on doit faire quelque chose qui dure dans le temps, mais qui soit aussi réversible." Autrement dit, il faut que les restaurations puissent être défaites sans altérer l'œuvre. Il s'agit de pouvoir revenir en arrière si, par exemple, les travaux vont à l'encontre de faits historiques. L'atelier doit ainsi arbitrer entre les attentes des communes qui veulent du neuf et les exigences déontologiques des conservateurs.
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