Il est 20h à Caen lorsque je prends la route, attendant patiemment que la nuit tombe pour rejoindre les abords mystérieux de la forêt de Balleroy, à Cerisy-la-Forêt. Ce soir, l'objectif est d'écouter le brame du cerf, ce cri sauvage et puissant qui résonne dans les bois à l'approche de l'automne.
Sur place, je retrouve Axelle Sartorio, notre guide pour la soirée. Axelle connaît bien ces lieux, elle a longtemps travaillé au haras de la Hêtraie, situé aux portes de la forêt. Au fil des ans, elle a vu de nombreux cerfs traverser les champs, et a appris à repérer les meilleurs endroits pour les observer… et les écouter !
Le cri de la séduction
Le brame du cerf est un appel unique, une sorte de mugissement profond destiné à attirer l'attention des femelles et à affirmer sa domination face aux autres mâles. Quelques jours auparavant, Axelle était déjà venue ici avec sa sœur Pétronille. "On en a entendu quatre ou cinq, ils étaient tout près !", me raconte-t-elle avec enthousiasme. J'espère avoir la même chance ce soir. Avant de m'aventurer sur les sentiers, je m'équipe : des bottes pour braver la boue, une polaire et un ciré pour me protéger de la pluie menaçante. Surtout, pas de lampe frontale. La lumière pourrait trahir notre présence et effrayer les animaux. Le secret est de marcher lentement, en silence, en restant attentif à chaque bruit de la forêt. Il faut être patient. C'est la fin de la saison des amours, et le ciel n'est pas favorable : le vent souffle fort, et des éclairs illuminent l'horizon. Ce soir, les cerfs semblent plus discrets. "Peut-être qu'ils ont déjà trouvé l'amour", plaisante Pétronille, qui a tenu à revivre cette expérience avec nous.
Pendant la marche nocturne, la mère d'Axelle, agricultrice à Creully, me murmure un souvenir : "Il y a 20 ans, je m'étais aventurée en pleine forêt pour écouter le brame. Quand j'y repense, c'était risqué. Si un cerf nous avait croisés, il aurait pu charger avec ses bois. Et il fallait aussi faire attention aux braconniers !"
L'atmosphère est bien plus calme aujourd'hui, peut-être même trop. Axelle décide de nous emmener sur un autre site, près d'un champ qu'elle connaît bien. C'est un endroit où les cerfs ont l'habitude de se montrer une fois la nuit tombée. On tend l'oreille. Et soudain, on l'entend enfin ! Un brame, lointain, mais reconnaissable. Un son profond, presque semblable au meuglement d'une vache, mais Axelle nous confirme que c'est bien celui d'un cerf. Notre patience a été récompensée, mais l'année prochaine je tâcherai de m'aventurer en forêt un peu plus tôt dans la saison.
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