Dès qu'on franchit le seuil de cette maison, à Cresseveuille, dans le Calvados, on est immédiatement frappé par l'austérité de ses murs épais, faits de pierres usées par le temps. Les colombages noircis par les années contrastent avec la façade claire, de ce que l'on peut apercevoir entre les branches épaisses de la haute haie qui encercle la maison, comme pour la cacher à la vue de tous. Situé à quelques pas d'un petit cimetière et d'une église, le presbytère semble observer le monde avec une certaine gravité, comme s'il veillait encore sur une histoire ancienne.
Au premier plan, l'église et le lavoir, puis le cimetière, et finalement la maison qui veille sur ces éléments atypiques.
Jane Birkin elle-même confiait, lors d'une interview pour l'émission Côté Jardin en 1976 : "Ca donne sur un vieux cimetière", et elle ajoutait "j'ai peur la nuit dans la campagne". La proximité des tombes, visibles depuis les fenêtres de la maison, contribuait à l'étrange atmosphère austère qui y régnait, renforçant un sentiment d'isolement dans la campagne normande, et dans un silence de plomb.
Une maison à la fois modeste et mystérieuse
A l'intérieur, le charme vieillot du presbytère ne manque pas de surprendre. Les poutres apparentes et les planchers craquants semblent avoir absorbé des décennies, voire des siècles de vie. Les fenêtres laissent entrer une lumière tamisée, presque froide, qui se diffuse avec parcimonie dans les pièces, donnant au lieu une ambiance à la fois calme et énigmatique.
Jane Birkin, Serge Gainsbourg et leurs enfants. - Andrew Birkin
Jane Birkin racontait que, malgré l'amour qu'elle portait à la maison, elle l'évitait : "Je n'y ai pas mis les pieds en deux ans. Ah si, j'y étais avec les filles, on a fait un week-end sur les matelas pneumatiques, mais on n'y est plus retournées", disait-elle en 1976.
Un silence pesant
Le silence régnait en maître dans cette demeure normande. "Je dors avec mes boules Quies, je n'aime pas ce silence", confiait Jane Birkin. Ce silence presque oppressant, si rare dans nos vies modernes, pouvait parfois se faire pesant, donnant à la maison une ambiance presque irréelle.
Le chemin caché par l'église menant au presbytère.
Les petites bizarreries étaient fréquentes. Serge Gainsbourg, connu pour son pragmatisme, ne s'en inquiétait pas. Mais l'accumulation de ces détails finissait par renforcer l'idée que ce lieu n'était pas tout à fait comme les autres.
La maison est cachée derrière une haie imposante et un haut mur.
Des détails fantasmés ?
Bien que cette demeure ait été un véritable refuge pour la famille Birkin-Gainsbourg, la maison gardait une certaine distance. "C'était une maison de curé", rappelait souvent Jane Birkin, sans pour autant s'attarder sur ce que cela signifiait vraiment. Le presbytère, avec son passé religieux et ses murs épais, semblait chargé d'une énergie qui échappait à la compréhension. Le couple l'a pourtant habité pendant de nombreuses années, y séjournant pour des week-ends ou des vacances, signe que l'atmosphère atypique rajoutait peut-être, quelque part, du charme à cette maison chargée d'histoire.
Jane Birkin devant sa maison. - Andrew Birkin
Aujourd'hui encore, la maison intrigue. Ceux qui ont eu l'occasion de la visiter se souviennent d'un lieu figé dans le temps, où chaque bruit, chaque ombre semblait en dire plus qu'il n'y paraissait. Une simple demeure de campagne ou un lieu marqué par des événements que l'on ne s'explique pas ? Peut-être ne s'agissait-il, après tout, que de simples coïncidences…
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