"On assume nos actes jusqu'au bout." Voilà une vingtaine d'années que cette porte-parole de Greenpeace milite pour l'environnement, mais c'est la première fois qu'elle est convoquée par la justice. Avec six autres personnes, elle s'est retrouvée devant le tribunal maritime du Havre, mardi 1er octobre, pour avoir participé à une action contre l'entrée du terminal méthanier flottant dans le port, le Cape Ann, le 18 septembre 2023.
Cinq militants et deux journalistes ont été jugés par le tribunal maritime du Havre. Deux autres militants seront jugés ultérieurement, en correctionnelle.
"Ce terminal est au Havre, mais il aurait pu être n'importe où ailleurs et il est le symbole d'une politique énergétique absurde, expliquait cette prévenue, venue des Cévennes, avant l'ouverture de l'audience, dans une situation où on devrait réduire notre dépendance aux énergies fossiles, le gouvernement fait le contraire. Il a interdit l'extraction de gaz de schiste par fracturation, mais on en importe de Etats-Unis, on est dans une hypocrisie totale." Selon l'ONG environnementale, le terminal est inutile, "utilisé à moins d'un quart de ses capacités au premier semestre 2024".
5 000 euros d'amende requis
Les militants de Greenpeace sont poursuivis pour non-respect d'un arrêté préfectoral maritime restreignant la navigation dans la rade du port du Havre et non-respect de la convention anticollision pour des faits d'abordage. L'ONG était parvenue à peindre la mention "Gas kills" à la peinture blanche sur la coque sombre du navire gazier. S'ils reconnaissent leur participation à cette journée de manifestation, les militants présents à la barre affirment ne pas avoir participé à l'action d'abordage. Devant les juges, ils ont expliqué avoir embarqué sur un semi-rigide dédié à la couverture de l'action par les médias et un autre dédié à la sécurité de kayakistes présents dans l'avant-port. Les deux embarcations seraient restées à distance du Cape Ann.
"Cette cause noble ne permet pas une mise en danger", a estimé le substitut du procureur, Alexandre Kling, qui a requis selon l'Agence France Presse 5 000 euros d'amende et une interdiction de paraître de deux ans au port du Havre pour les cinq militants, plus 2 000 euros avec sursis concernant le non-respect de l'arrêté préfectoral. Des demandes jugées "très sévères et très rares" par l'avocat des militants, Alexandre Faro, selon qui les deux ans d'interdiction de paraître "portent une atteinte disproportionnée à la liberté d'aller et venir alors qu'il n'y a aucune volonté de réitération". Le parquet demande la relaxe pour toutes les poursuites d'abordage, à l'exception d'un pilote de bateau. Le tribunal rendra sa décision mardi 10 décembre à 13h30.
Des journalistes indépendants poursuivis
Parmi les sept prévenus convoqués mardi 1er octobre figuraient aussi deux journalistes indépendants. Le parquet a demandé la relaxe pour ce vidéaste et ce photographe, habitués à travailler pour Greenpeace. Le premier a notamment exprimé, devant les juges, sa volonté de "produire des images pour nourrir un débat d'intérêt général". Le second s'est dit "inquiet pour la bonne marche de (sa) profession", contraint de prendre "de plus en plus de précautions" quand il va au contact des forces de l'ordre ou du public. Tous deux ont expliqué avoir été seulement prévenus de la date et du lieu de l'événement, sans avoir connaissance au préalable de la cible et du mode opératoire de Greenpeace. Eux aussi se trouvaient à bord du semi-rigide dédié à la presse, affrété par l'ONG.
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