J'ai l'habitude d'être derrière le micro, mais cette fois-ci, je passe derrière les écrans.
Arnaud Bérard est le projectionniste historique du cinéma Lux, établissement d'art et d'essai à Caen. Je le rencontre entre deux projections de films, un mercredi après-midi, jour des sorties ciné !
Je découvre d'abord des cabines sombres dans lesquelles sont entreposées des machines bruyantes, et d'anciennes pellicules. "Autrefois, on projetait exclusivement des films en 35 millimètres sur pellicule. Cela demande beaucoup de préparation, le film arrivait en plusieurs parties, il fallait le monter dans le bon sens et dans le bon ordre. Il faisait entre 3 et 4km de long ! Depuis que le cinéma est numérique on passe beaucoup moins de temps dans ces cabines."
Une révolution pour le cinéma
Les pellicules sont aujourd'hui remplacées par des ordinateurs. Et la salle de projection est utilisée pour des ateliers que le cinéma Lux organise avec les enfants. Ce passage au numérique n'a pas été une surprise pour Arnaud, mais pour beaucoup cela a été une fracture. "Une évolution technologique ne vient pas pour se positionner à côté de ce qui existe, elle est là pour remplacer. Globalement, depuis une quinzaine d'années, ce n'est plus le même métier." Aujourd'hui, le travail d'Arnaud se fait surtout en amont de la projection : logistique informatique, entretien des projecteurs, travail de réseaux, récupération des films et planification.
"Le numérique a aboli les gestes, mais il offre d'autres possibilités." Arnaud se déplace régulièrement hors des murs du cinéma, pour des projections en plein air ou dans d'autres établissements. Cela permet aussi plus de flexibilité. "Avant, le temps ne nous appartenait pas, on devait être là tout le temps, tout au long des films." L'un des autres avantages du numérique, c'est la pérennité du support. "Vous passez le film 10 000 fois, la 10 000e projection est la même que la première." Mais ça n'empêche pas les pannes…
Un terrible souvenir
Je me permets de demander à Arnaud quelle panne numérique l'a le plus marqué. "J'ai déjà eu une projection catastrophique à cause d'un orage qui a fait disjoncter des éléments. Dans la salle, il y avait Christiane Taubira, à l'époque garde des Sceaux, le préfet et la réalisatrice. Je sentais la colère dans les yeux de la ministre. On a fini par lancer ce film, mais avec beaucoup de retard, et beaucoup de manœuvres."
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.