Entre idées reçues et réalité, la chasse cristallise bon nombre de préjugés. Souvent perçue comme une activité dépassée ou dangereuse, elle est pourtant, pour de nombreux chasseurs, plus qu'un simple loisir. Jean-Christophe Aloe nous explique l'importance de la chasse pour l'équilibre des écosystèmes et répond aux critiques qui entourent cette pratique.
Jean Christophe Aloe, président de la fédération de chasse du Calvados. - FCC
Quel est le rôle de la chasse dans la gestion des populations animales et son impact sur l'équilibre des écosystèmes ?
"Toutes les espèces animales, mammifères ou oiseaux, peuvent se développer de manière exponentielle en fonction de différents facteurs (climat, abondance de la ressource alimentaire, territoire en réserve, absence de prédateurs, etc.). La chasse joue alors un rôle majeur, notamment afin de réduire les dégâts agricoles occasionnés par le grand gibier (essentiellement sanglier) qui, pour rappel, sont dédommagés par la Fédération des chasseurs du Calvados, donc par l'argent des chasseurs.
Toutes les espèces chassables font l'objet de suivi pour une gestion au plus juste des populations et leur bon maintien. A notre disposition : des dates de chasse modulables, mise en place de plans de gestion pour certaines espèces. La chasse peut être également un outil de régulation des espèces, et de prévention face à des enjeux sanitaires, comme la leptospirose véhiculée par le ragondin. Enfin, la chasse permet de maintenir le fragile équilibre agro-sylvo-cynégétique."
Les chasseurs n'impactent-ils pas la préservation des habitats naturels et les espèces locales ?
"Parce qu'ils chassent, parce qu'ils sont propriétaires terriens ou gestionnaires de territoires, les chasseurs sont impliqués dans l'entretien de leurs territoires et dans la protection des écosystèmes. Qu'il s'agisse de zones humides (14 mares restaurées en 2 ans, fossés, marais), ou de zones de friche. Ils plantent des haies (14km en deux ans), des buissons en plaine, mettent en place des cultures faunistiques ou autres cultures destinées à la faune sauvage.
Les allées en forêt ou dans les friches, destinées à effectuer des tirs en toute sécurité, jouent le rôle de coupe-feu en cas d'incendie, de même que l'entretien régulier des bois et taillis. Les aménagements réalisés profitent à toutes les espèces de la faune sauvage, petits mammifères, passereaux et autres espèces d'oiseaux protégés, batraciens, papillons et autres insectes. Les plantations et autres aménagements permettent de créer des corridors et ainsi de rétablir des connexions entre les territoires."
Quels sont les principaux dangers auxquels les promeneurs ou autres usagers de la nature doivent faire attention pendant la saison de chasse ?
"Les promeneurs et les autres usagers ne doivent pas se sentir en danger lorsqu'ils se promènent dans la nature. La sécurité à la chasse est une priorité absolue pour les chasseurs. Ils sont des citoyens responsables qui ont la volonté d'assurer une cohabitation sereine, en toute sécurité, entre les différents usagers de la nature, avec l'objectif de tendre vers le zéro accident. Des mesures sont mises en place dans ce sens comme la pose de panneaux pour signaler aux promeneurs les chasses collectives au grand gibier en cours."
Quelles mesures de sécurité recommandez-vous aux non-chasseurs pour éviter les incidents durant la période de chasse, notamment pour les promeneurs accompagnés de leurs chiens ?
"Durant la période de chasse, il est déconseillé de traverser une chasse collective au grand gibier en cours signalée par des panneaux. Dans ces zones de chasse, les chasseurs ont l'obligation de porter des vêtements fluorescents pour prévenir les incidents. Les personnes qui empêcheraient le bon déroulement d'un ou plusieurs actes de chasse, par des actes d'obstruction concertés se mettraient en infraction vis-à-vis de la loi. Pour ceux qui souhaitent se promener sur des propriétés privées, il est essentiel qu'ils s'assurent d'être bien autorisés à y pénétrer. Pour rappel dans le Calvados, 90% des forêts sont privées. Même chose pour les champs, et les parcelles agricoles qui ont un propriétaire.
Chaque usager de la nature doit accepter la cohabitation dans le respect des règles de sécurité et dans le respect de l'autre. Le bilan en matière de sécurité à la chasse pour la saison 2023/2024 fait état de 2 incidents légers dans le Calvados."
Comment la Fédération sensibilise-t-elle les chasseurs aux règles de sécurité ? Des formations spécifiques sont-elles obligatoires ?
"Cette sensibilisation commence par une formation au permis de chasser très exigeante. La formation pratique consacre une part importante aux mises en situation, en lien direct avec la sécurité. De nombreux rappels à la sécurité sont faits par la Fédération, via notamment nos outils de communication (lettre info, réseaux sociaux). Ces règles sont fixées par notre schéma départemental de gestion cynégétique.
Voici quelques-unes des principales mesures élémentaires de sécurité imposées aux chasseurs :
- En arrivant à la chasse ou lors d'une rencontre avec une personne extérieure à la chasse, le chasseur doit tenir son arme ouverte et déchargée ;
- On ne tire qu'après avoir formellement identifié son gibier ;
- En action de chasse, les canons doivent être dirigés vers le sol ou vers le ciel, en aucun cas vers un homme ou un chien. Le doigt n'est placé sur la queue de détente qu'au moment du tir ;
- Pour tout franchissement d'obstacle, l'arme doit être ouverte et déchargée.
Par ailleurs, une formation décennale est obligatoire pour les chasseurs depuis 2020. Son objet : mise à jour des règles élémentaires en matière de sécurité. Depuis fin 2021, plus de 4 000 chasseurs du Calvados l'ont suivie."
Certains opposants à la chasse dénoncent des conflits d'usage entre chasseurs et promeneurs. Comment abordez-vous ces différends ?
"Nous demandons aux chasseurs d'être exemplaires, de veiller à ce que les autres utilisateurs se sentent en sécurité. Nous jouons un rôle d'informateur sur la pratique de la chasse, ses modes, ses actions, autrement dit, un rôle de pédagogie.
Au fil des ans, nous avons multiplié nos contacts avec les associations sportives de plein air pour mutualiser certaines informations (dates de chasse et de courses, randonnées, manifestations) afin de prévenir nos chasseurs, les territoires en amont ou de trouver un consensus en décalant des sorties, des parcours pour les uns ou les autres en fonction des situations.
Le dialogue et les échanges se font naturellement et dans un excellent climat, sans aucune animosité et aucun a priori."
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C’est une activité faite pour les bourricots. Je ne vois pas l’intérêt de tuer. Tuer un lapin, un pigeon, une perdrix,…
Ce sont généralement des « hommes » qui ont l’impression d’être puissants avec leurs fusils.
Honte à ces pecnos