On ne s'entend plus vraiment parler dans la cour du lycée d'enseignement adapté de Saint-Lô, vendredi 13 septembre. "A gauche", crient les uns. "A droite", s'époumonent les autres. Sur une idée de l'un d'entre eux, Clément, les élèves de CAP AAGA (Agent accompagnant au grand âge) s'affrontent dans le cadre d'une olympiade.
Certains sont assis en fauteuil roulant et donnent des ordres à leur guide, temporairement aveuglé par un masque. Quelques-uns sont en béquilles, gênés par des poids au niveau des chevilles et par un masque, eux aussi. D'autres se déplacent difficilement en déambulateur. "L'idée, c'est d'appréhender le matériel et de voir ce que peut ressentir une personne âgée, éclaire la professeure Sandra Voisin. On peut avoir l'impression que c'est inné, mais aider une personne à marcher, c'est dur. C'était pour leur montrer cette dureté au quotidien."
"C'est bien pour apprendre le métier"
A en juger par les rires qui s'échappent de la cour, et par l'implication de ces élèves issus pour la plupart d'un parcours en Segpa (Section d'enseignement général et professionnel adapté) ou en Ulis (Unité localisée pour l'inclusion scolaire), l'initiative est une réussite.
"Voir ce que c'est une personne âgée, ça ne paraît pas, mais c'est un peu galère au niveau de la mobilité. Cette journée ? C'est drôle, c'est aussi pour rigoler", précise Clément. "C'est bien pour comprendre comment sont les personnes âgées, et pour apprendre le métier. Comme mon beau-père s'est cassé la jambe, je sais conduire un fauteuil maintenant", sourit Océane.
"Nos sens ne sont plus tout à fait comme à nos 30 ans"
L'olympiade, qui a aussi été pensée comme un hommage aux athlètes en lice lors des Jeux paralympiques, voit quelques profs s'y essayer. Même le proviseur, Vincent Durand, se prête au jeu : "On réalise qu'effectivement, petit à petit, nos sens ne sont plus tout à fait comme à nos 30 ans", s'amuse-t-il.
Des courses en béquilles, avec des poids lestés aux chevilles, ont également été mises en place.
"C'est une manière de montrer le handicap sous un meilleur aspect", se félicite Sandra Voisin. Sa collègue, Dominique Paris, rappelle que "les élèves ont énormément de craintes à déplacer une personne âgée en fauteuil et aussi une méconnaissance des dangers". Des gestes routiniers, comme frôler un mur, peuvent être extrêmement difficiles en raison de la fragilité de la peau.
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Les huit élèves de deuxième année ont jusqu'au mois de juin pour gagner en assurance avant les épreuves finales. Ils peuvent devenir les premiers diplômés du CAP AAGA, qui n'a été lancé qu'en septembre 2023, au LEA de Saint-Lô. Cela vaut bien une petite médaille…
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