"Comment ai-je pu me faire avoir ?" Sept mois après les faits, le père Pascal Burnel, curé de la paroisse Sainte-Marie à Canisy, près de Saint-Lô dans la Manche, s'interroge encore sur un coup de fil qui lui aura coûté… 1 450€. Le religieux normand fait partie de la soixantaine de victimes d'une vaste arnaque téléphonique, pour laquelle neuf personnes sont jugées, jeudi 5 septembre au Havre.
Un gendarme et une banquière
"C'était le vendredi 9 février dernier, je faisais une sieste quand le téléphone a sonné…", raconte, avant l'audience, le père Burnel. Au bout du fil, un supposé gendarme lui demande son aide pour coincer un escroc qui aurait arnaqué plusieurs de ses confrères. Puis, c'est la banque qui le contacte - "une voix féminine, cette fois !" - et lui demande de suivre scrupuleusement les ordres de la gendarmerie. En l'occurrence : se rendre dans le bureau de tabac voisin situé "à cinq minutes" et acheter pour 1 000€ de coupons PCS. "C'est la première fois que j'entendais ce mot", précise le curé, qui ignorait jusque-là l'existence de ces cartes bancaires rechargeables.
Le faux gendarme prend le soin de préciser qu'en cas de doute émit par le buraliste, le religieux devra répondre qu'il achète ces coupons pour son neveu. "Il a mis les formes de politesse, les mots qu'il fallait pour m'endormir… Et puis, il y a vraiment un tabac à cinq minutes, j'ai des neveux… Ils ont tapé dans le mille !" Le père Burnel accepte de faire un second achat, cette fois en liquide. Ce n'est qu'après avoir demandé à parler à l'une de ses connaissances de la gendarmerie qu'il se rend compte de la supercherie : "On m'a passé quelqu'un avec un accent du Sud… Ce n'était pas le gendarme que je connaissais !" Et pour cause : le militaire était en congé, ce jour-là.
"Je plaide pour les personnes qui se font arnaquer"
Celui que la justice soupçonne d'être au bout du fil avec le curé manchois est un Havrais de 35 ans, déjà incarcéré pour des arnaques similaires. C'est depuis sa cellule de prison qu'il aurait conduit ce manège, jusqu'en mars dernier. "Je suis surpris que quelqu'un qui est en prison puisse avoir un portable pour appeler Pierre, Paul, Jacques !", réagit le prêtre manchois, qui a appris l'ampleur de l'affaire par voie de presse. Il était le seul, à l'ouverture de l'audience, à avoir fait le déplacement pour assister aux débats, ce jeudi 5 septembre. "Je viens revendiquer les 1 450€, mais surtout, je viens plaider pour la défense des personnes qui se font arnaquer. C'est injuste de prendre en otage des gens qui sont paumés, âgés, handicapés, malades, des gens qui sont naïfs."
Père Pascal Burnel
Prévue à 13h30, l'audience n'a débuté qu'à 15h, le temps d'extraire le principal suspect de sa cellule de Val de Reuil. Les débats devraient s'étirer jusqu'au milieu de la nuit.
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Je désolée pour vous monsieur le curé c'est honteux, j'espère que dieu va les punir.bon courage a vous.... Yolande