C'est un peu le revers de la médaille. Caen est fréquemment loué pour la qualité de sa vie étudiante, et de ses formations. La ville normande serait même la troisième meilleure ville de France selon les critères reconnus du site L'Etudiant. Mais si la ville attire, elle n'arrive pas à loger tout le monde.
Tous les acteurs s'accordent pour le dire, la situation est encore pire cette année, et la compétition est féroce entre les étudiants pour trouver un logement avant la rentrée. Mathis a trouvé le sien la veille du Jour-J, lui qui vient d'Alençon. "Le logement dépasse un peu le budget fixé. On l'a trouvé à Carpiquet, tant pis, il prendra la voiture tous les matins, se contente tout de même sa mère Stéphanie Fouquet. C'était une vraie source de stress, on avait les alertes pour réagir le plus vite possible."
Des coups de fil en vain
Marianne Orcier, responsable du service gestion location chez Guy Hoquet Caen Rive Droite, n'a "jamais vu ça en 14 ans de métier". Son agence reçoit par mail des lettres de candidature, avec un dossier déjà constitué, d'étudiants n'attendant même plus qu'une annonce soit publiée en ligne. "Là je viens de mettre un studio de 24m2, j'ai déjà reçu plus de 100 demandes de visite en moins de 24h." Seul un chanceux aura le bien, et elle essaiera de répondre tout de même à tous, par principe.
La résidence Odalys Campus, située aux Rives de l'Orne, indique de son côté être complète depuis presque un mois. Pourtant, le téléphone sonne au moins une dizaine de fois par jour, encore, avec des mères de famille désespérées, en pleurs au téléphone.
Ajay Thadhaney, qui a, avec sa femme, acheté un immeuble à Caen pour transformer les logements en chambres étudiantes, sous le nom de La Ruche, n'a lui non plus aucune disponibilité depuis fin juillet. "Je reçois encore plus de demandes maintenant. C'est un problème de devoir refouler les gens, c'est dommage", regrette-t-il. Sa douzaine de logements, qui n'est "pas chère par rapport au marché", est bien loin d'être suffisante pour aider les plus de 30 000 étudiants caennais. Il en est de même pour les logements du Crous, qui représentent au total 4 562 chambres. Un chiffre bien insuffisant selon le syndicat étudiant Union Pirate, qui s'insurge et demande la construction de 3 000 logements en urgence à Caen, et encore plus à terme.
Des solutions temporaires
"Certains étudiants renoncent à prendre un logement, et doivent par exemple prendre le train tous les jours à partir de Lisieux", illustre Merlin Bossis, membre du comité d'animation du syndicat. Si pour lui la situation empire chaque année, il souligne que l'an dernier, certains ont dû se tourner vers la solution Airbnb pour se loger, "jusqu'au mois d'octobre, voire en novembre parfois". Pour ces étudiants sans toit, le compromis, temporaire, peut être l'auberge de jeunesse. The People, située sur la Presqu'île, propose des lits dans un dortoir accueillant huit personnes à 28€ la nuit. L'établissement affirme d'ailleurs avoir déjà hébergé des étudiants sans solution, étant l'alternative la moins chère dans le secteur.
Alors pour beaucoup, les conditions sont loin d'être optimales pour entamer l'année scolaire.
Notifications activées sur le téléphone, message de désespoir posté sur les réseaux sociaux, ils attendent de trouver la solution pour enfin avoir un logement bien à eux.
Ils attendent de trouver la solution pour enfin avoir un logement bien à eux.
A l'extérieur de Caen, un logement étudiant…dans une écurie !
A Saint-Contest, tout près de Caen, Sophie Guégan propose à quelques étudiants des logements au sein de ses écuries.
Propriétaire des écuries du Clos d'Ardennes à Saint-Contest depuis un peu plus de deux ans, Sophie Guégan a transformé son étage dédié aux colonies de vacances en des logements pour étudiants. Sept chambres individuelles se partagent un espace de vie de 95m2 totalement implanté dans le site équin, avec une vue sur le manège, ou la carrière. "Quand j'étais en études à Caen, j'ai toujours rêvé des maisons étudiantes qui existent aux Etats-Unis", explique la gérante. Tout près du campus 2, mais aussi de plusieurs écoles privées, les logements sont "aux portes de Caen, dans une pépite de verdure."
Transformé avec une enveloppe de 500 000€, l'espace n'était pas forcément voué aux étudiants de prime abord. "En pensant à la pénurie, je me suis dit : mais l'endroit est génial pour un étudiant !", sourit Sophie Guégan. Depuis, le téléphone sonne plusieurs fois par jours. D'ailleurs, les candidats ne sont pas forcément des passionnés de la filière équine. La simple tranquillité du lieu les séduit.
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