Une facture absurde qui enflamme les réseaux sociaux
Tout a commencé la semaine dernière, lorsqu'un utilisateur de X, Ewen, a partagé une capture d'écran de son échange avec une hôte Airbnb. Celle-ci lui réclamait plusieurs centaines d'euros pour avoir laissé des traces de gel douche sur un meuble. La situation a rapidement dégénéré, la propriétaire demandant même le remboursement complet du meuble. L'affaire, partagée sur X, a rapidement pris de l'ampleur, amenant de nombreux internautes à suivre les échanges entre Ewen, la propriétaire et Airbnb. Finalement, la plateforme a tranché en faveur du locataire, qui n'a pas eu à payer. Mais l'histoire ne s'arrête pas là.
Un déferlement de témoignages similaires
A la suite du tweet d'Ewen, des centaines de personnes ont partagé des expériences similaires, accusant des propriétaires d'exiger des remboursements injustifiés ou des dédommagements disproportionnés, photos et captures d'écran à l'appui. Cette avalanche de témoignages a relancé un débat déjà brûlant sur Airbnb. De plus en plus d'utilisateurs estiment que la plateforme est devenue trop chère, sujette aux arnaques, et a perdu le caractère convivial qui faisait son succès à ses débuts. Selon une récente étude d'Opinionway, près de 48% des Français ont été victimes d'une arnaque ou connaissent quelqu'un qui l'a été via Airbnb, avec une perte moyenne de 2 700€.
L'impact sur le marché immobilier normand
En Normandie, les effets de cette popularité croissante d'Airbnb se font durement ressentir. Dans le département de la Manche, les prix de l'immobilier ont grimpé de 40% en 10 ans, particulièrement dans les villes côtières comme Granville, Coutainville et Barneville-Carteret. Granville, en particulier, a été classée en "zone tendue" sur l'immobilier en octobre 2023.
A Dieppe, la mairie a décidé d'agir. Dès le 1er janvier 2024, des quotas ont été instaurés par quartier pour limiter les locations touristiques, avec l'objectif de récupérer 200 logements pour le marché locatif de longue durée d'ici trois ans. "On a considéré qu'on avait trop de meublés touristiques", explique Nicolas Langlois, maire de Dieppe, à France 3 Normandie. "Il faut pouvoir accueillir les touristes, mais en même temps, les gens d'ici, les salariés, les retraités, les jeunes ont aussi le droit au logement."
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Professionnels du tourisme et élus en colère
Le mécontentement ne se limite pas aux résidents. Les professionnels du tourisme sont également en colère contre ce qu'ils perçoivent comme une distorsion de concurrence. L'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH) a ainsi engagé une action contre Airbnb, soutenue par 26 hôtels à travers la France. "La plateforme ne respecte pas la réglementation qui lui est applicable. Cette action vise à dénoncer la distorsion de concurrence subie par les hôteliers", a déclaré l'UMIH, qui a tenu une conférence de presse le 20 juin.
Vers un changement législatif ?
Face à cette situation, Nicolas Langlois, maire de Dieppe, plaide pour un changement de la législation. Il appelle à doter les élus locaux d'outils supplémentaires pour réguler le développement des meublés touristiques, dénonçant une fiscalité trop favorable à ces derniers, au détriment des résidences principales. "C'est le monde à l'envers ! Ça accentue la spéculation sur le marché de l'immobilier, et pour l'équilibre d'une ville, pour la vie des habitants, c'est insupportable", insiste-t-il auprès de France 3 Normandie.
Une problématique mondiale : l'exemple de Barcelone
La Normandie n'est pas un cas isolé. A Barcelone, par exemple, la mairie a annoncé une interdiction des locations d'appartements aux touristes d'ici 2028, en réponse à une crise du logement similaire. Avec des loyers ayant augmenté de 68 % en 10 ans et les prix d'achat de 38%, la ville la plus visitée d'Espagne cherche à rétablir l'équilibre entre tourisme et qualité de vie pour ses résidents.
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