D'infirmière à artisan, il n'y a qu'un fromage… ou presque. Comptez plutôt une année de formation en apprentissage, 2 à 3 ans en tant qu'employée à mi-temps dans une fromagerie tout en restant infirmière, et une ferme familiale que vous ne voulez pas voir partir. Mélangez le tout et vous obtenez l'histoire d'Amandine Lucas et de sa fromagerie La Petite Sibérie, nommée ainsi en référence au surnom donné à la région de Carrouges en hiver.
Un retour aux racines
Lorsqu'elle se met en tête de devenir fromagère alors qu'elle est encore infirmière au Centre psychothérapique de l'Orne (CPO) à Alençon, cette Flérienne d'origine ne se lance pas dans l'inconnu. "Il y a des antécédents, débute-t-elle. Mes grands-parents transformaient du lait, mon oncle aussi." Cet oncle qui souhaite justement vendre sa ferme à son départ à la retraite. "Au départ je voulais la racheter, explique Amandine Lucas, avant de se raisonner. Il fallait changer de région et de vie, embarquer toute la famille dedans. Au final, je n'ai gardé que la partie transformation et c'est déjà bien. Comme quoi on revient toujours à ses racines sans le vouloir !"
A la base du projet d'Amandine Lucas, il y a cette envie de changement pour retourner au contact de la population, promouvoir l'agriculture locale et redynamiser le bourg de Ciral. "J'en avais marre du côté institutionnel de l'hôpital, dit-elle. Je trouvais qu'on ne s'occupait plus correctement des malades à mon sens." Elle assure alors une lente reconversion professionnelle, repassant par la case formation à Saint-Lô tout en gardant son emploi. Elle jongle ensuite à mi-temps entre le CPO et une fromagerie à Pré-en-Pail (Mayenne) où elle commence à transformer du lait et vend ses premiers fromages.
Et puis en 2021, c'est parti. Elle rachète un bâtiment qui s'écroulait, proche de chez elle. "Il y avait beaucoup de travaux à faire", se souvient Amandine Lucas. Un an plus tard, elle démarre finalement son activité. "Tout est bio et local, à l'exception de quelques produits proposés à la revente", présente celle qui achète son lait à deux producteurs locaux. Elle fabrique des yaourts, des fromages blancs, de la faisselle, de la crème, du cirail - un fromage à pâte molle -, et des flocons de Ciral "qui sont des fromages frais à tartiner". Son produit phare : le Sérallo, "une tomme de vache grise qui se rapproche de la tomme de Savoie", explique-t-elle. Elle en produit 150 fromages de 2kg par mois.
Pratique. Le site internet de la fromagerie : petitesiberie.jimdofree.com.
Ses produits et où les trouver
La majorité des produits d'Amandine Lucas sont agréés Orne Terroirs. Elle les vend depuis la fromagerie à Ciral, mais aussi sur les marchés.
Des produits agréés Orne Terroirs
La marque Orne Terroirs est un gage de qualité et de production locale qui compte près de 350 produits fermiers et artisanaux, et parmi eux la majorité des produits d'Amandine Lucas. "J'en avais fait agréer déjà quelques-uns", dit-elle. Sept produits supplémentaires ont été agréés en juin 2024. La crème fraîche crue, les yaourts sur lit de poire, sur lit de pomme/cannelle et brassé vanille, ainsi que les flocons de Cirail romarin, poivre et ail, et fines herbes ont tous obtenu une note supérieure à 12/20. "Seul le Sérallo ne pourra jamais y être parce que le lait vient de la Mayenne", précise la fromagère.
Où la retrouver ?
Sur le marché d'Alençon tous les jeudis matin. Directement à la fromagerie le mardi de 16h30 à 18h30 et jusqu'à 19h le vendredi, mais aussi sur réservation le samedi. Les produits se retrouvent aussi dans les AMAP (Association pour le maintien d'une agriculture paysanne) d'Alençon, Flers, Argentan, Falaise et de La Ferté-Macé. Enfin, chaque troisième vendredi du mois, elle organise avec le maraîcher de la commune et d'autres exposants un petit marché dans la cour du presbytère de Ciral. "On propose des planches apéritives avec nos produits. C'est plutôt sympathique", sourit-elle.
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