L'histoire de Stanislas Petrosky s'écrit d'abord non loin du Havre : il naît à Saint-Romain-de-Colbosc en 1970. Il multiplie cependant les virées à la plage, puis dans les cinémas et les bars havrais, avant de venir étudier à l'adolescence au CFA, alors situé dans le quartier de l'Observatoire. Le jeune menuisier est apprenti dans une entreprise de pompes funèbres. On lui confie la fabrication des cercueils. Le début d'une vocation. "De là, j'ai commencé à passer tous les diplômes du funéraire. En 1991, à la sortie du service militaire, j'ai fait une école pour devenir thanatopracteur." Un métier atypique et finalement peu connu qu'il exercera jusqu'en 2017.
Une passion pour les morts…
"Je me suis découvert une passion pour la thanatopraxie. Mais si j'avais été moins fainéant, j'aurais fait des études pour devenir médecin légiste. La médecine légale a cette dimension criminalistique (N.D.L.R. : recherche scientifique des circonstances et des auteurs de la commission d'une infraction). Seulement, pour faire ça, il fait faire beaucoup d'études. Alors j'ai trouvé ce qui s'en rapprochait le plus, la thanatopraxie." Dès 1994, Stanislas Petrosky transmet son savoir. Il devient maître de stage, puis, rapidement, donne des cours. Il est toujours enseignant aujourd'hui, à raison de deux sessions par an.
... et pour la littérature
L'autre passion de Stanislas Petrosky le saisit dès le service militaire. "C'est assez bizarre, mais c'est l'armée qui m'a fait lire dès l'âge de 20 ans. J'étais au service des transmissions et on travaillait de nuit. Il n'y avait pas Netflix. Je découvre alors Ernest Emingway et Frédéric Dard. J'ai dévoré les San Antonio en quelques mois. Et c'est là que j'ai commencé à m'intéresser à la littérature noire des années cinquante à quatre-vingt." En 2012, il franchit le pas et prend la plume. Il crée un personnage, Luc Mandoline, un embaumeur enquêteur, qu'il prête à des auteurs, dont Franck Thilliez, chargés d'écrire ses aventures. Il monte dans le même temps une première maison d'édition pour publier les livres et se consacre désormais à plein temps à la littérature. Il signe en 2018 le treizième et dernier tome des aventures de son héros, intitulé Un Havre de paix.
Stanislas Petrosky s'est installé un an plus tôt au Havre. Il a écrit plusieurs histoires qui s'y déroulent, dont Dieu pardonne, lui pas (2017), une aventure de son curé exorciste Requiem, basée sur la célèbre affaire Jules Durand. "On est là sur une affaire Dreyfus du syndicalisme. La série Requiem est humoristique, mais chaque livre traite d'un sujet extrêmement dur. Ici, c'est le néo-nazisme. J'aime les faits divers et les affaires criminelles pour ce qu'ils nous apprennent de l'histoire d'une époque."
Le Havre, cadre inspirant
pour les polars
Et Stanislas Petrosky de citer la récente série d'Arte De Grâce pour décrire le potentiel du Havre en matière de polar. "L'aspect portuaire de la ville offre tous les fantasmes possibles. Ne serait-ce qu'en termes de voyage, de départs et d'arrivées. La cité océane est par exemple citée dans l'affaire Seznec en tant que port de commerce. Je travaille actuellement sur le quatrième tome de ma série Surin d'Apache qui déroule pendant la IIIe République. A cette époque, la ville recevait des grands congrès d'anarchistes. Ce qui est logique pour une très grande ville ouvrière. Tout cela est très intéressant."
L'Affaire Soularue : le tome III de sa série Surin d'Apache
Une nouvelle enquête littéraire.
Avec L'Affaire Soularue, Stanislas Petrosky propose une nouvelle enquête de l'illustre professeur Alexandre Lacassagne (photo), l'un des fondateurs de la médecine légale moderne en France et précurseur de la police scientifique. Son récit est basé sur les rapports d'experts, archives de presse et autres documents d'époque. "En 1888, dans la suite d'un hôtel de la banlieue lyonnaise, raconte l'écrivain, un couple se donne la mort. La femme décède. L'homme, lui, s'est tiré une balle dans la tête, mais il est encore en vie. Lacassagne, à partir du cadavre de la jeune femme, va tenter de démontrer que la thèse du suicide passionnel ne tient pas."
En librairie le 13 septembre, L'Affaire Soularue (éditions Afitt) est le troisième tome de la série Surin d'Apache de Stanislas Petrosky, après L'Affaire de l'Ile Barbe, ressorti en poche chez Folio Policier en mars dernier, et L'Affaire Echallier. Un quatrième tome est prévu pour septembre 2025.
Thanatopraxie : entre fantasmes et réalité d'un métier essentiel
C'est quoi un thanatopracteur ?
Le thanatopracteur s'occupe de nos défunts. "Il effectue les soins de conservation, à ne pas confondre avec la momification des Egyptiens, précise d'emblée Stanislas Petrosky. Il s'agit seulement d'éviter une dégradation trop rapide du corps, pour que la famille puisse se recueillir pendant six à vingt jours, avant l'inhumation ou la crémation. C'est un acte à la fois esthétique, mais aussi prophylactique, pour éviter tout risque de contamination des vivants."
Le profil des thanatopracteurs a évolué. "Quand j'ai commencé, il y avait peu de femmes. Aujourd'hui, elles sont 80%. Il y a des reconversions, notamment de gens qui ont vécu un deuil et ont pris conscience de l'utilité du métier. Il y a ceux qui ont lâché leurs études de médecine, des personnes venant des métiers de l'esthétique. Certaines séries télé déclenchent aussi des vocations." La profession est accessible avec le baccalauréat.
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