Ils ont ôté leur chasuble dans la salle d'audience mais, devant le tribunal, leurs camarades étaient en nombre pour les soutenir. Christophe Aubert et Reynald Prevost, respectivement coordinateurs des syndicats CGT et FO d'ExxonMobil à Port-Jérôme-sur-Seine, étaient assignés en référé, en leur nom propre, jeudi 27 juin, devant la justice. A l'origine de cette assignation, le groupe ExxonMobil, qui demande à la justice de prononcer la levée et l'interdiction des barrages filtrants mis en place depuis mercredi 19 juin aux entrées de la raffinerie. Des actions mises en place dans le cadre des négociations en cours sur le plan de sauvegarde de l'emploi : ExxonMobil prévoit de supprimer 677 postes, dont 647 à Port-Jérôme, dès l'an prochain.
"C'est le mouvement qui est visé, pas vous"
"Je ne viens pas confisquer le dialogue social, a assuré en préambule Me Julien Aunis, l'avocat d'ExxonMobil. C'est bien le mouvement qui est visé et pas vous, à titre personnel." Dans sa plaidoirie, le conseil a expliqué que, si les syndicalistes sont assignés, c'est pour éviter "un référé non contradictoire". Et de détailler, définition du Larousse à l'appui, le rôle des coordinateurs syndicaux, d'expliquer que les deux hommes sont "des personnes identifiées comme leaders, porteurs de ce mouvement", puisqu'ils répondent à la presse, rencontrent le député local, prennent la parole sur des manifestations… L'avocat a ensuite exposé les atteintes causées par ces barrages, dénonçant "un trouble manifestement illicite". "Nous sommes sur un site classé Seveso seuil haut, qui comporte des risques", a par ailleurs rappelé Me Aunis, détaillant la mise en place de feux à proximité de la raffinerie, la difficulté d'accès des camions permettant le bon fonctionnement de la raffinerie. "Soixante camions doivent entrer chaque jour, en moyenne. Vendredi 21 juin, zéro ! Il n'est pas normal de devoir recourir à un huissier et à une entreprise de déblai", pour permettre aux poids lourds d'accéder au site.
"Du patronat de combat"
Dans sa plaidoirie, l'avocat des syndicalistes, Me Emmanuel Gayat, a quant à lui pointé le choix d'ExxonMobil de faire peser la responsabilité des troubles dénoncés à deux personnes seulement. "On assigne certains représentants syndicaux de certaines obédiences, c'est du patronat de combat et une volonté de diviser le mouvement", a déroulé Me Gayat, estimant que "les organisations syndicales sont les personnes légitimes, en tant que personnes morales". L'avocat estime par ailleurs que "ce n'est pas un mouvement illicite, ce sont des manifestations sur la voie publique, en dehors du site". S'appuyant sur les constats d'huissiers versés au dossier, il estime qu'il "n'y a jamais eu d'entrave à la liberté du travail" et ajoute que "les forces de l'ordre sont là pour s'assurer qu'il n'y ait aucun incident, les grévistes responsables s'en assurent".
Le tribunal a mis sa décision en délibéré au lundi 1er juillet. A la sortie de l'audience, les syndicalistes se sont dits "soulagés" et "confiants" sur les suites du dossier.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.