Anne-Charlène Bezzina, maître de conférences en droit public à l'université de Rouen, revient sur les scénarios possibles au lendemain du scrutin.
Le pays sera-t-il gouvernable au lendemain du 7 juillet ?
"Il y a une grande incertitude qui se dessine dans la vie politique étant donné qu'elle est désormais faite de trois grands blocs. Si nous sommes en majorité relative pour le vainqueur au lendemain du vote, ça va être très difficile pour le bloc majoritaire de se maintenir puisque les deux coalitions pourraient décider de renverser les gouvernements à chaque mesure proposée par la majorité."
Quelle différence y a-t-il avec les législatives de 2022 ?
"Dans le scénario d'une majorité relative le 7 juillet, on serait dans une majorité bien plus relative que celle que nous avons depuis 2022 car tous les groupes 'chevilles', LR, PS ou EELV qui permettaient d'huiler le mécanisme, sont maintenant sur des positions plus 'radicales', après s'être ralliés à des blocs plus extrêmes. Et on voit mal comment ils pourraient jouer le rôle d'organe de conciliation."
En cas de cohabitation, que resterait-il du pouvoir du président de la République ?
"Il n'aura plus que des fonctions honorifiques. Alors oui, il reste le chef des armées, mais le Premier ministre est en charge de la défense par exemple. Les pouvoirs propres du Président pourront toujours restreindre ceux de la majorité. Celle-ci ne pourra pas recourir au référendum puisque c'est le Président qui le peut mais, globalement, la Ve République assure une gouvernance tranquille à un gouvernement et sa majorité absolue."
Dans ce cas de figure, peut-on s'attendre à une démission du président de la République ?
"Toutes les surprises ne nous sont pas ménagées depuis dimanche 9 juin, donc pourquoi pas en effet. Le général de Gaulle aurait-il toléré ne serait-ce que 20 minutes de cohabitation ? On peut en douter. Il a mis son nom dans la balance à toutes les élections et les référendums. Cela n'est pas le cas d'Emmanuel Macron, mais lui-même avait fait savoir qu'il ne dissoudrait pas l'Assemblée nationale quelques semaines avant les élections, donc tout est possible. Comme toutes démissions, celle du Président est un acte moral et personnel, donc personne n'en sait rien."
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