20 jours. C'est le délai qu'ont les communes pour organiser les futures élections législatives, prévues les dimanches 30 juin et 7 juillet. Immédiatement après l'allocution d'Emmanuel Macron dimanche 9 juin, annonçant la dissolution de l'Assemblée nationale, tous les maires de France ont dû compter le nombre de jours les séparant de na nouvelle échéance électorale. Un nouveau rendez-vous que personne n'avait vu venir et qui laisse très peu de temps aux communes pour organiser le scrutin.
Trouver des assesseurs
A Giberville, le maire communiste Damien De Winter n'a pas perdu de temps. "J'ai pris mon téléphone dès le soir-même pour réquisitionner les élus et les habitants pour trouver du monde et remplir les cases vides." Au total, 24 personnes doivent être réquisitionnées pour l'organisation des bureaux de vote de la commune, auxquelles s'ajoutent huit agents pour le dépouillement. Sauf qu'à cette période de l'année, en week-end de vacances scolaires (notamment le 7 juillet), la mission ne s'avère pas si simple. "Certains ont des repas de famille, d'autres ont réservé des vacances… On va finir par trouver, mais il faut s'y prendre maintenant", complète-t-il. A quelques kilomètres, dans la commune de Louvigny et ses 5 000 habitants, la course contre la montre a aussi commencé, bien qu'elle compte deux fois moins de bureaux de vote. "J'avoue qu'on passe notre temps au téléphone", confie l'édile Patrick Ledoux.
Mariages et anniversaires annulés
A la ville préfecture, l'organisation logistique est d'un tout autre calibre. Avec 57 bureaux de vote dans 24 lieux différents, la Ville de Caen requiert des moyens humains remarquables. "On a besoin de 550 assesseurs, 57 présidents de bureaux de vote et 250 personnes bénévoles. On a sollicité tous les assesseurs présents au dernier scrutin, assure Lydie Bizouarne, du service citoyenneté de la Ville de Caen. On travaille toute l'année pour recruter des assesseurs. On a une base solide." A Bourguébus, au sud de Caen, le maire est confronté à une autre problématique. Pour éviter de mobiliser des agents sur une journée complète, il avait réfléchi à des permanences plus courtes, de 2h30. Sauf que les absences liées aux vacances scolaires l'ont déjà obligé à revoir ses plans. "Sur les précédents scrutins, j'avais quatre équipes sur la journée mais vu le peu de monde disponible, je vais être obligé de faire deux créneaux de cinq heures", explique Sébastien François, qui se creuse la tête pour organiser ses deux bureaux de vote.
A Louvigny, trente bénévoles sont réquisitionnés pour assurer l'organisation des bureaux de vote dans l'école primaire Hubert-Reeves. Alors, il faut aussi jouer avec le calendrier. "L'école organise sa kermesse la veille du premier tour, samedi 29 juin. On va attendre que ça se termine pour investir les locaux et installer les isoloirs et les urnes", ajoute-t-il. Pour les mairies qui ont leurs bureaux de vote dans les salles des fêtes, ces élections posent une autre difficulté, comme à Bourguébus. La commune utilise la salle comme bureau de vote. "J'ai dû annuler un spectacle de danse prévu depuis un an mais aussi un anniversaire. Je n'avais pas d'autres solutions à leur proposer, d'autant plus que légalement, il faut une autorisation de la préfecture pour déménager les bureaux de vote. Ça me pèse", assure l'élu. Sans oublier les personnes inscrites sur les listes après le 9 juin. Inutile de vous déplacer en bureau de vote, vous ne pourrez pas voter.
Législatives : combien coûtent ces élections surprises ?
Bien que l'Etat prenne en charge une partie des élections législatives, ce double scrutin "surprise" décidé par Emmanuel Macron a un coût pour les collectivités. Analyse.
Si les mairies perçoivent une dotation de l'Etat, les deux tours d'élections législatives représentent un coût financier important pour les communes. La Ville de Cherbourg, dans la Manche, a été l'une des premières à mettre le chiffre sur la table : 70 000€ pour un tour d'élection. A Caen, qui compte 30 000 habitants de plus, les comptes ne sont pas encore faits. Mais la dépense la plus importante reste les frais de personnel avec plus de 800 personnes mobilisées. "La démocratie n'a pas de prix", avance Lydie Bizouarne, directrice de la vie civile et citoyenne. A Louvigny, commune de 2 600 habitants, le maire évalue cette dépense supplémentaire à 2 000€, comprenant les européennes et le double scrutin des législatives. "Ce sont des mobilisations supplémentaires non prévues qui sont payées en heures de dimanche", explique Sébastien Ledoux.
En revanche, les coûts liés au mobilier (urnes, panneaux d'affichage ou isoloirs) sont quasiment nuls, les communes ayant conservé le matériel des européennes.
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