Un tremblement de terre. A l'issue des résultats des élections européennes dimanche 9 juin, Emmanuel Macron a annoncé, dans une allocution télévisée, la dissolution de l'Assemblée Nationale. Depuis 1958 et la création de la Ve République, c'est seulement la sixième fois qu'une telle décision est prise. La dernière fois, c'était en 1997, sous la présidence de Jacques Chirac.
Vaincu par le Rassemblement National avec 31,4% des suffrages exprimés contre 14,6% des voix pour la majorité présidentielle, Emmanuel Macron a décidé d'organiser de nouvelles élections législatives les 30 juin et 7 juillet. A l'échelle départementale, les scores enregistrés sont proches du niveau national avec 30,29% des suffrages pour le parti de Jordan Bardella, 17,94% pour la majorité présidentielle, talonnée par la liste Place publique-Parti socialiste de Raphaël Glucksmann avec 15,18% des voix. Désormais, tous ces partis ont trois semaines pours s'organiser. Comment vont-ils faire dans le Calvados ?
A gauche, union ou division ?
Dans les deux premières circonscriptions, qui concernent Caen et quelques villes de la périphérie, les habitants votent historiquement plutôt à gauche qu'à droite. Arthur Delaporte (PS) repart en campagne pour tenter de renouveler sa victoire de 2022. Pour le désormais ex-député socialiste, l'enjeu est l'union de la gauche pour faire face au Rassemblement national. "Il y a urgence à proposer une alternative face à l'extrême droite. On n'a pas le droit de reproduire ce qui a trop entaché la gauche ces derniers temps où on avait l'impression qu'on passait notre temps à nous diviser". En 2022, le RN était arrivé en quatrième position (10,6%) dans la circoncription de Caen-Est, et troisième (15,2%) dans la circonscription de Caen-Ouest. Alors que le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella gagne du terrain dans les territoires ruraux et reculés, l'enjeu va être de "rattraper ceux qui ont dit non à Emmanuel Macron". Emma Fourreau, élue au Parlement européen et candidate LFI aux dernières législatives annonce vouloir "faire l'union sur un programme clair, sur la base de ce que l'on a élaboré en 2022" - sous-entendu la Nupes - sans en dire plus sur sa potentielle candidature.
Du côté de la majorité présidentielle, qui a été très largement distancée par le RN lors de ces européennes, pas question de se démobiliser. Bertrand Bouyx, député du groupe Horizons (majorité présidentielle), a d'ores et déjà confirmé sa candidature dans la cinquième circonscription du Calvados (Bayeux et Côte de Nacre). "La crise démocratique est réelle et il serait à la fois dangereux et irresponsable de jouer l'affrontement politicien au détriment de l'apaisement républicain", a-t-il avancé. En 2022, il l'avait emporté devant la Nupes avec 55,6% des suffrages exprimés.
Face à une majorité présidentielle affaiblie et à une gauche dont l'union reste incertaine, le Rassemblement national s'avance confiant, alors que Jordan Bardella a une chance de devenir Premier ministre à l'issue des législatives. Jean-Philippe Roy, candidat RN de la sixième circonscription (Vire), lance : "Les Français en ont marre d'Emmanuel Macron, de son programme, de sa directive et de sa nonchalance. On va lui mettre une deuxième claque", annonce-t-il. Le coup de poker d'Emmanuel Macron est osé. Aura-t-il eu raison de faire tapis ? Réponse le 7 juillet prochain.
Les circonscriptions où tout peut basculer
Deux des six circonscriptions du Calvados seront scrutées de près les 30 juin et 7 juillet prochain aux élections législatives. L'idée de la gauche : faire barrage contre l'extrême droite.
Le département du Calvados (690 000 habitants) compte six circonscriptions. Deux d'entre elles seront scrutées de très près le dimanche 30 juin, lors du 1er tour des législatives. La 3e circonscription, dans le Pays d'Auge, pourrait changer de camp. Si le député de la majorité Jérémie Patrier Leitus avait été élu en 2022 avec plus de 53% des suffrages, le Rassemblement national le suivait de près (46,5%). Les résultats des européennes ne présagent rien de bon pour le camp présidentiel ni pour la gauche. A Lisieux, Falaise, Breteville-sur-Laize ou encore Mezidon, l'extrême droite a pris la tête dimanche dernier.
La bataille s'annonce également serrée dans la 6e circonscription, celle du bocage virois. En 2022, la Nupes avait perdu au 2nd tour contre Elisabeth Borne, devenue ensuite Première ministre. Dimanche dernier, ces deux camps ont perdu beaucoup de plumes : à Vire, la liste insoumise a péniblement dépassé les 5% tandis que la majorité présidentielle n'a pas dépassé les 20%, loin derrière les 34% de Jordan Bardella.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.